Laure 10 ans, porte les traits superficiels du petit garçon, elle a les cheveux courts, et le corps svelte, en constante évolution.
Un déménagement dans un nouvel appartement, l’occasion parfaite pour jouer de son androgynie.
Laure sera désormais Michael.
Un deuxième film pour la réalisatrice Céline Sciamma, 4 ans après son succès "Naissance des pieuvres".
Une véritable promesse de récit, rythmée par la tension et le suspens, avec des acteurs novices, qui crèvent l'écran avec un naturel sans précédent, loins de toutes formes d'extravagances.
Ce récit appartient à Laure, Michael durant tout un été.
Il s’agit avant tout de l'histoire d'une infiltrée dans un monde excessivement normé.
Les pulsations de l’enfance
Le jeu est un élément plus qu’omniprésent dans ce film au sujet marquant. L'identité de genre est clairement centrale dans le récit, puisque c'est la racine même de son écriture. Néanmoins, tout ne tourne pas autour de cela, les plans de jeux multiples, et fonctionnent comme une véritable réunion entre tous les enfants du quartier. Apportant alors, une touche de légèreté, nécéssaire dans cette angoisse permanente autour de la révélation du secret si bien caché.
L'enfance de Laure n'est aucunement mise de côté, la seule différence demeurante est que son jeu à elle, est de s'associer à: IL
Suspense, angoisses, empathie
Les scènes tirent souvent sur la longueur, l'objectif étant de nourrir le suspens, et cela tout en amenant subtilement l'angoisse chez les spectateurs. Tout semble trop beau pour être vrai, ou dans ce cas de figure, trop beau pour durer.
La scène du foot est idéale pour illustrer cette pensée.
Au début le suspens se nourrit de la timidité, Michael va-t-il oser ôter son tee shirt comme le font les garçons ? Il finit par réunir tout son courage, et réussit à l'enlever, vient alors l'épanouissement, le sentiment d'être à sa place, d’appartenir, enfin, à un groupe. Malheureusement rattrapé par la réalité, l'angoisse surgit.
Le défi urinaire forestier, ramène sans avertissement Michael à son genre biologique.
(Âme sensible, ne pas regarder la suite de la scène)
Prouver son "masculin"
Écho de la scène footeuse, le fait de vouloir asseoir sa masculinité est un phénomène visible dès le plus jeune âge. Pour se faire passer pour un garçon, et pas n’importe lequel, un "VRAI", Laure/Michael doit adopter leurs codes, et revêtir son costume de mime.
Ce film aborde avec finesse la masculinité toxique face à laquelle les jeune garçons sont confrontés, pour assurer la croissance de leur jeune "virilité".
Les codes à adopter sont simples: jouer au foot, se mettre torse nu, ne pas exprimer ses sentiments, et surtout: cracher par terre le plus souvent possible.
Cette quête de masculinité, est amenée avec un talent naturel par Zoé Hérant (Laure/Michael) qui offre une première performance filmique, à l'image de l’oeuvre, spontanée et juste.
Fin de la récré
Le jeu prend fin, la vérité jaillit. Et si les adultes n’aimaient simplement pas jouer ?
Un jeu qui n'en était décidément, plus un, e féminin devenu si lointain. Il est désormais temps défier à sa "réalité", et cela d'une manière plus cruelle que jamais, initiée par sa propre mère: porter une robe, aller voir ses nouveaux copains, et leurs dire:
"Je m'appelle Laure "
Des scènes qui sont évidemment très durent à visionner pour un spectateur qui a été plongé pendant plus d’une heure dans son quotidien, a suivi toutes ses aventures, mais aussi toutes ses peines. L'attachement à Michael est plus que certain, difficile alors de ne rien ressentir face à tant de cruauté, dénuée de toute tentative de compréhension maternelle.
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La fin, quelque peu décevante par son manque de clarté, met à l’épreuve notre curiosité.
Car les seules réponses que nous aurons, seront uniques fruits de notre imagination.
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