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The Addams Family


Badadadam clac clac. Badadadam clac clac. Badadadam, badadadam, badadadam. Oui, c’est cliché de parler, encore, de films à l’esthétique noire et gothique à l’approche de Halloween. Mais, s’il y a bien un film qui se fond à et confond parfaitement l’ambiance de cette saison automnale, il y en a deux et c’est The Addams Family et Addams Family Values. La famille étrange qui ne s’en excuse pas.


Anjelica Huston et Kristen Hooper dans Addams Family Values
Anjelica Huston et Kristen Hooper dans Addams Family Values


Gothique comique

Manoir hanté, roses décapitées et combats à l’épée, tout chez les Addams devrait repousser et faire peur. L’esthétique visuelle est parfaitement gothique et travaillé dans toutes les facettes de ce style. Il y a littéralement des squelettes dans les placards. La grand-mère et sa cuisine correspondent à une image classique d’une sorcière, son chaudron, ses ingrédients de potions. Morticia est une sorcière envoûtante et élégante, vêtue tout de noire et se déplaçant en planant, comme un fantôme. Les enfants font penser à des tueurs en série ou de films d’horreur, ils explorent et testent différentes manières de tuer et sont fascinés par la mort.

Cependant, ce film est une comédie. Et oui, l’esthétique ne fait pas tout (Nosferatu, prends des notes), elle pose le cadre au message, à l’histoire qui, dans cette duologie, est une satire de la société. Le gothique, l’esthétique, se prête à des histoires grandioses, de combats épiques entre le bien et le mal, de l’Homme contre lui-même, de l’exploration des vices humains. Cette duologie de films nous plonge dans le quotidien mondain d’une famille en banlieue. Ce qui est divertissant et comique vient de ce contraste, de la banalité de ceux qu’on a l’habitude de voir à la tête de grands plans machiavéliques. L’équilibre des deux est merveilleusement bien trouvé.

A travers l’esthétique uniquement, la famille Addams est dépeinte comme bizarre, anormale, effrayante, mais l’histoire, la narration, les montre en tant que protagonistes, ces monstres et marginaux, montre que tout est différent chez eux mais pas forcément mauvais. Et de là, en inversant les codes, ces films font remonter à la surface de l’écran les failles et faiblesses de la société.


Abracadabra, hypocrisie casse – toi !


Cette duologie fait une critique merveilleuse de la société qui marginalise les Addams, les voie comme une source d’étrangeté dangereuse, qui s’arrête aux apparences et qui est bien plus cruelle et hypocrite que cette famille qui est étonnamment saine et bien ajustée. Le premier film l’illustre bien en contrastant le couple de Gomez et Morticia avec celui de Tully et Margaret Alford. En effet, les Alford se disputent constamment, se dénigrent mutuellement, ne s’intéressent pas à la vie de l’autre et finissent par se séparer. A l’inverse, Gomez et Morticia sont incapables d’être dans la même pièce sans se toucher, s’embrasser, etc, ils se soutiennent mutuellement dans leurs intérêts et leurs façon d’être. Franchement, couple goals.

L’hypocrisie est également mise en avant à travers les transformations physiques. Pour paraître plus normal et vivre avec Abigail Craven pendant les vingt ans où il n’était pas avec sa famille, Oncle Fester a dû se changer. Et c’est tout pareil lorsqu’il rencontre Debbie dans Addams Family Values. Le monde extérieur le pousse, le force, à changer physiquement pour se faire accepter. Mais, chez les Addams, les choses ne se passent pas tout à fait de la même manière. Lorsque leur nouveau bébé devient un petit ange, à l’inverse de ce qui est normal pour eux, Gomez, et surtout Morticia, ne tentent pas de le changer mais l’acceptent comme il est. Certes, ils sont contrariés et inquiets, comme tout parent, mais cela n’empêche pas Morticia de lui lire des comptines douches et gentils, à son plus grand désarroi et au plus grand bonheur du bébé. De même pour Margaret Alford qui ne change pas du tout lorsqu’elle intègre la famille en épousant le Cousin It, elle est acceptée comme elle est.

De plus, les parents Addams, ne souhaitent en aucun cas changer leurs enfants ou les forcer à correspondre à leur idéal, leur vision des choses. Lorsque Wednesday et Pugsley « demandent » à aller en colonie de vacances, les parents sont déconcertés ;  leurs enfants veulent aller en colo, plein d’air frais et de bonne humeur ? Quelle horreur ! Cependant, ils exhaussent immédiatement ce vœu. Ils ne veulent que le bonheur de leurs enfants, peu importe ce qu’ils pensent de cette envie particulière. En colo, Wednesday, Pugsley rencontrent Joel Glicker. Contrairement aux Addams, les parents de Joel l’ont envoyé en colo car ils voulaient que leur enfant change, qu’il devienne plus hardi et sociable, ils forcent leur enfant à se plier au moule de la société. Le terme de « misfit », quelqu’un qui « fit », qui rentre, mal dans la moule est souvent employé pour décrire des enfants comme Wednesday, Pugsley et Joel, ils sont exclu et marginalisés dans la société, mais célébrés chez les Addams. Les Addams acceptent tout le monde, même ceux qui les dénigrent. Ce contraste entre la tolérance des Addams et l’esprit fermé de la société est notable lorsque la famille arrive à la colo et parlent aux autres parents. Gomez et Morticia sont ouverts, souriants et discutent librement alors qu’en face d’eux les adultes montrent leur dégoût et dédain de leur étrangeté, et celle de leurs enfants. La mère de Amanda va jusqu’à reculer physiquement lorsqu’elle voit Wednesday défier ouvertement sa vision des choses, en disant qu’elle pense constamment aux homicides et non aux garçons.

 

 

Dans cette duologie, tout est inversé, ce qui est normalement étrange et repoussant devient exemplaire. Pas étonnant alors que les femmes soient si importantes et bien écrites. Morticia est à la fois une femme magnifique, mère de famille, désirée par son mari et est celle qui agit, qui se met en danger pour faire avancer les choses et trouver une solution. Et ça continue avec Netflix qui choisit de poursuivre l’histoire des Addams à travers Wednesday, la fille, clairement plus intéressante que les hommes qui l’entoure. 

 

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