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Tape: culpabilité et vengeance

Pendant les vingt premières minutes, on pense assister à des retrouvailles quelque peu maladroites entre deux amis de lycée. Cependant, le dialogue se corse lorsque le nom d’Amy (interprétée par Uma Thurman) est mentionné. Tape est un film réalisé par Richard Linklater et sorti en 2001.



Tout d’abord, ce qui marque le plus lors du visionnage, c’est la complicité entre les acteurs. Notamment entre Ethan Hawke (“Vince”) et Robert Sean Leonard (“John”), leur duo déjà reconnu par leur prestation dans Le Cercle des Poètes Disparus, une dizaine d’années plus tôt. Le dialogue paraît si réel que l’on oublie que ce sont des acteurs interprétant ces personnages à l’écran. On ne peut s’empêcher de penser aux autres “films dialogues” de Richard Linklater, notamment à la trilogie des Before. La relation complice entre Ethan Hawke et Uma Thurman peut aussi être soulignée. Ils jouent aussi le fameux couple dans le film dystopique Gattaca (2007). Ils ont aussi été mariés plusieurs années et ont eu des enfants. Si les acteurs n’étaient pas proches entre eux, y’aurait-il eu une telle fusion visible à l’écran?

Il est important aussi de noter l’utilisation de la caméra DV. Elle vient renforcer la proximité qu’entretient le spectateur avec les personnages. On a l’impression d’être une personne qui, elle aussi, vient enregistrer toute la conversation (mais avec l’image en plus du son). Les mouvements de caméra rapides viennent ajouter à l’atmosphère tendue entre les personnages. Notamment lors des champ/contre-champs où la caméra fait un va-et-vient entre les visages des personnages, filmées en plan rapproché épaules. C’est comme si la caméra était le spectateur lui-même, observant tour à tour les répliques et réactions des personnages.

On ne cesse de questionner les morales ambigües des deux hommes. L'un, un dealer au tempérament violent force son ami à avouer un viol commis sur l'ex du dealer. Les deux hommes sont tout autant méprisables, seule Amy se démarque. C'est elle qui aura le dernier mot de ce long argument. Elle parvient à se faire entendre et à se venger des deux hommes qui se sont joués d'elle. L'un en abusant d'elle sexuellement, l'autre en lui rappelant ce souvenir, sans son consentement.


On ne peut qu’admirer, une nouvelle fois, le brillantissime duo Linklater/Hawke, qui réussit à nous subjuguer par une beauté des dialogues et de la mise en scène. On ne peut qu’être satisfait de voir s’ajouter à ce duo Uma Thurman et Robert Sean Leonard, qui viennent donner une dynamique au film, notamment lors de la scène d’excuse. Si les films entièrement basés sur le dialogue paraissent ennuyeux, c’est pourtant la justesse des mots employés et la façon dont ils sont prononcés qui nous font oublier le manque d’action, souvent reproché.


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