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Le Cercle Vicieux des Stéréotypes Masculins à l'Ecran

La représentation de l’homme dans les médias a eu le droit à une diversification ces dernières années. Cependant, les mêmes problèmes résident toujours aujourd’hui. Avec l’évolution des mœurs, ils sont mis en avant. Cependant, est-ce suffisant pour faire avancer les choses?

La catégorisation des personnages


Lors de l’écriture du scénario, les scénaristes pensent notamment à la construction des personnages de leur œuvre. Ainsi pour suivre les règles sociales, ils appliquent souvent les stéréotypes de genre. Même si nous nous concentrons ici sur la masculinité, il faut tout de même s’intéresser à ces clichés féminins. Parmi eux on peut compter la sensibilité, le besoin d’être sauvé ou encore des vêtements dits féminins comme des robes ou bien des talons. Du côté masculin, nous pouvons penser à la domination, la virilité ou encore des émotions qui ne s’extériorisent pas. Dans ces clichés, un rapport de domination existe entre l’homme et la femme et le cinéma perpetue en quelque sorte ce rapport. Cette généralisation des genres implique un enjeu de taille pour les spectateurs: la construction de soi.

Dans un monde où nous apprenons à être un garçon ou une fille, la société intègre dans nos têtes de manière inconsciente les stéréotypes de genre à adopter. C’est ce que Bourdieu s’est chargé de démontrer toute sa vie. Selon lui, commençant dès l’enfance, cette intériorisation peut passer par différents médiums. Tout d’abord par l’éducation, notamment chez soi avec par exemple pour les filles, le fait de croiser ses jambes. Mais aussi à travers la culture et les normes comme par exemple les jouets que l’on offre aux enfants qui sont genrés. D’autre part, on peut aussi penser aux médias et donc au cinéma qui véhicule ces normes sans réelle transgression. Ainsi comment les nouvelles générations peuvent-elles se construire tout en s’émancipant de ces codes si ces derniers sont majoritairement représentés? Si on reprend par exemple les théories du psychologue Albert Bandura, un individu apprend en regardant les autres. Si on applique cela au cinéma alors le spectateur reproduira majoritairement ces clichés entravant l’émancipation du genre. Ainsi, un homme inclut dans sa personnalité ces clichés hiérarchiques et nocifs pour les femmes mais aussi pour les autres hommes. 


Pourquoi la représentation des hommes à l’écran pose-t-elle problème?


Par ces stéréotypes, l’homme représenté à l’écran est soit violent dans son comportement soit perçu comme efféminé. Cette banalisation de la violence est tellement ancrée qu’au moment où un homme s’écarte de cela, il est considéré comme féminin. On peut notamment penser à Peter Parker dans The Amazing Spider Man qui de sa gentillesse est moqué par le harceleur de son lycée masculin par par stéréotype. Ainsi, un phénomène se produit: la hiérarchisation des comportements masculins à l’écran. On peut appliquer cela aux vêtements. Ainsi, ces stéréotypes touchent le psychique et le physique de l’individu. Cela a des répercussions dans le monde réel. Si les personnages cool des séries et films respectent ces clichés alors le spectateur va vouloir les reproduire pour être aussi cool qu’eux. Une des raisons qui favorisent cette reproduction est l’amour. Cet art place ces stéréotypes comme les billets d’entrée d’une réussite relationnelle. Ces personnages aussi nocifs qu’ils paraissent sont pour beaucoup la référence. Malgré une critique active, ils sont encore bien présents aujourd’hui et notamment dans les séries phares de ce siècle. Considéré comme beau et charismatique, Chuck Bass de Gossip Girl représente pour beaucoup la référence masculine alors qu’il a agressé sexuellement un autre personnage de la série. La question que l’on peut se poser est pourquoi sont-ils autant aimés? La réponse se tourne vers le privilège de la beauté. En effet, quand on regarde un film ou une série, on peut remarquer que ces personnages sont excusés de leur comportement ou idolâtres grâce à leur physique. Cependant ce phénomène pose une problématique éthique: Jusqu’où la beauté prime sur la morale. Ce phénomène peut faire écho à un accident de voiture fatal causé par Cameron Herrin, qui s’est produit aux Etats Unis. Ce jeune homme en faisant une course de voiture a tué une mère et son bébé. Condamné à 24 ans de prison, il avait été soutenu sur les réseaux sociaux. Beaucoup disaient qu’il ne méritait pas autant d’année de prison, qu’il était trop beau pour ça. Il avait plus de soutien que les victimes de son acte. Cela est un vrai danger pour la société et pourtant il est très présent de nos jours. Un autre personnage de série qui pourrait représenter cette idée est Nate Jacobs dans Euphoria. C’est un personnage violent, manipulateur qui rejette son mal être sur les autres notamment sur sa petite amie Maddy. Son physique, sa prestance et son comportement attirent de nombreux spectateurs. Un autre point à soulever sur ce personnage est sa sexualité. Sam Levinson (le réalisateur de la série) met en avant une raison à sa violence à travers sa sexualité. Ce problème qu’il vit lui vient en partie de son père qui l’a éduqué ainsi. Lors de son adolescence, lui aussi avait renoncé à sa sexualité. La question de l’homosexualité nous invite à nous interroger sur la place du cinéma dans le développement de la sexualité. Par notre attachement aux critères et stéréotypes inculqués, nous construisons notre attirance sexuelle. Cela peut expliquer l’« expression homosexuel refoulé » dans la mesure où ces individus rejettent leur attirance envers le même sexe car c’est contraire à leur croyance et éducation. Ainsi ils rejettent leur attirance profonde. La superficialité sociale a pris le dessus sur la nature que nous possédons à notre naissance avant qu’elle soit lobotomisée par la culture. Si nous prenons le cas des homosexuels, ils sont catégorisés par leur apparence dite féminine. Il est vrai que dans notre société patriarcale l’homme est censé dominé la femme ainsi s’il est en couple avec un autre homme cette domination ne peut pas s’opérer donc l’homosexualité masculine est beaucoup moins acceptée. Ainsi, le cinéma catégorise la sexualité et peut participer à ce phénomène. La société n’est qu’une question d’imitation. Le cinéma devient le modèle à imiter.


La place des productions cinématographiques dans la transmission de clichés


La question à se poser réside dans la responsabilité des productions cinématographiques. Si ces personnages influencent tant la perspective des spectateurs sur leur identité ou encore dans les relations amoureuses avec la dark romance, pourquoi les productions continuent-elles à alimenter cette toxicité? La réponse tend vers un aspect économique. En effet, plus ces personnages sont aimés, plus ils sont regardés et donc plus créés. Un système triangulaire qui régit tous mondes économiques confondus. Cependant est-ce réellement positif pour les consommateurs? Les productions cinématographiques ont-elles une réelle incidence sur les comportements des spectateurs? Cette question s’était déjà posée par le passé à la suite d'une polémique concernant la série 13 Reasons Why. Son synopsis est simple, Hannah Baker avant de se suicider enregistre 13 cassettes sur les raisons de son suicide. La polémique se localise dans la scène de sa mort qui a été jugée trop explicite. Beaucoup de parents ont reproché à la série que cette scène très graphique a influencé négativement leurs enfants. Même si la scène est violente, il est important en tant que parent de vérifier ce que son enfant regarde. Si cette scène a pu influencer certains jeunes d’une mauvaise manière, cette série est tout de même un outil préventif. Au-delà d’influencer les masses, le cinéma et l’audiovisuel peuvent dénoncer ces stéréotypes abusifs. Il est important de dissocier la présence de ces stéréotypes pour critiquer et pour attirer du public. Dans tous les cas, cet art influencera ceux qui le voient mais à différents niveaux. De plus, son interprétation est subjective. Ainsi, ce que le spectateur comprendra et retiendra dépend de lui. La responsabilité des actes d’une personne ne peut revenir uniquement à un art. Cependant, il faut visionner ces œuvres tout en ayant un esprit critique, discerner ce qui est bon à retenir et ce qui est mauvais. Cela implique donc qu’il faut comprendre que les stéréotypes de genre ne sont pas la réalité, et qu’ils sont une déformation du réel afin de normer. 


La représentation de l’idéologie “incel”


On ne peut pas parler de ce sujet sans adresser quelques mots à la nouvelle série Netflix, Adolescence de Jack Thorne et Stephen Graham. 6h15 du matin, le jeune Jamie Miller, 13 ans, est arrêté chez lui pour meutre, mais l’a-t-il vraiment fait? C’est ce à quoi la série cherche à répondre en surface. En réalité, la réponse est explicite, il l’a fait mais nous ne voulons pas y croire. C’est là toute la magie de cette série, l’innoncence perd de son blanc pour aller vers la noirceur. La question de la série n’est pas s’il l’a fait mais plutôt pourquoi. A travers cette série, les créateurs mettent le doigt sur une culture populaire: “incel”. En quelques mots, il s’agit d’une idéologie née dans les années 90 au Canada plus précisément à travers un site internet de soutien pour les personnes seules et privées de relations sexuelles. Aujourd’hui ce courant se définit comme des hommes hétérosexuels qui rejettent la faute de leur célibat sur les femmes les rendant ainsi responsables de leurs malheurs. Ses origines ne laisseraient pas penser à une tournure aussi dramatique avec des meurtres et une haine des femmes. On peut notamment citer l’un des faits divers les plus connus des Etats Unis: Elliott Rodger. Ce jeune homme avait commis dans les années 2010 une tuerie dans l'État de Californie en assassinant et blessant. Il avait pour but de se venger de la société pour ne pas lui avoir donner accès à l’amour et au sexe. Avant de passer à l’acte, il tenait une chaîne youtube où il exprimait sa haine des femmes et son incompréhension face au célibat. Adolescence s’attaque directement à ce courant en en montrant ses tristes conséquences. Montrer que cette idéologie peut toucher à un jeune âge est important pour les parents en l'occurrence. Il est intéressant de noter que Jamie ne se revendique pas incel, il n’en a pas conscience Le jeune Jamie s’est construit sur ces normes masculines et toxiques. Une femme doit lui obéir. Par conséquent pour lui, il est inconcevable qu’elle ne lui obéisse pas. La “fragilité” de la femme pour lui est l’occasion parfaite d’user d’elle. Que son comportement soit inconscient est d'autant plus effrayant. Le problème soulevé ici est de taille: la femme est construite socialement comme inférieure. Une autre chose intéressante est le fait que ces hommes ne se sentent pas pleinement homme sans intégrer ces clichés. Ainsi, il y a une sorte de pression interne et externe afin de perpétuer ces stéréotypes créant des individus volés de leur vraie personnalité. Quand on compare avec les réel, on peut voir des similitudes. En effet pour beaucoup, le féminisme ne devrait pas avoir lieu d’être, la femme est soumise point. Par ailleurs, il n'y a pas que des hommes qui pensent cela, de nombreuses femmes également. Beaucoup oublient que ces clichés sont une construction sociale qui n’est pas naturelle. 


La sexualité de l’homme à l’écran


La représentation de la sexualité est également victime de cette toxicité masculine. Elle est représentée dans des cases qui doivent correspondre aux stéréotypes de genre. Si ces représentations s’écartent des cases, elles peuvent être marginalisées. 

Ainsi, nous avons normalisé ce rapport de domination dans les relations amoureuses par habitude et parce qu’elle est embellie à de nombreuses reprises.

Dans la suite de cette idée, nous pouvons nous arrêter sur le sujet des agressions sexuelles. De ces stéréotypes, une autre problématique se dessine: la représentation des agressions sexuelles sur les hommes. Si cette thématique est moins tabou actuellement, elle est tout de même peu représentée à l’écran et par ailleurs accueillie. Si dans les clichés, l’homme ne doit pas pleurer ou exprimer ses sentiments,dire qu’il a subi une agression sexuelle n’est pas envisageable. Cela est dénoncé notamment dans la série 13 Reasons Why avec le personnage de Justin Foley. Dans sa jeunesse, il a été agressé sexuellement à plusieurs reprises. Il n’en a jamais parlé car il ne se sentait pas légitime d’en parler. 


La dark romance


Cette catégorie littéraire est apparue dans les années 2010. Ce genre loin de la romance classique se fonde sur la soumission et la domination. souvent il s’agit d’une femme qui sous l’emprise physique, psychologique et sexuelle va se livrer à un homme dans un rapport de domination. Ces “dark romances” se basent sur ces clichés très conservateurs des deux genres. Ces relations dites interdites se sont propagées jusqu’au cinéma. On peut notamment citer le film 365 jours ou encore 50 nuances de Grey. Pour l’image de la femme et le combat féministe, ce genre de film est une régression. La femme est traitée comme objet dans tous les sens du terme. Dans le cas de 50 nuances de Grey, elle se soumet pour de l’argent. A cause du privilège de la beauté et de l’intériorisation de ces clichés, ce genre de relation attire. On a pu voir apparaître des fanfictions écrites par des non-professionnels qui relatent ce type de relation. Ainsi la perception de l’amour et sa construction sont biaisées. Des spectateurs ou des lecteurs peuvent concevoir leurs critères relationnels sur un rapport de domination violent qui attire notamment par son attractivité. Si la comédie romantique offrait une vision utopique de l’amour, la dark romance donne quant à elle une vision dystopique. Le rêve que le cinéma promet se transforme progressivement en cauchemar. 



Sources:



1 Kommentar


Jasmine
Jasmine
10. Mai

C'est super intéressant, j'adore !

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Audrey Tautou dans "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain"

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