Le Bonheur et ses déclinaisons selon Agnès Varda
- Sara
- 14 oct. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 oct. 2024
Deux femmes, deux amours, deux bonheurs. Pourquoi faire un choix lorsque l'on peut additionner

Une nature épanouie, des couleurs vives, des visages transpirant l’insouciance, comme une peinture de Renoir que l’on aurait mis en mouvement
Bonheur et simplicité
Varda y met en scène un menuisier (François) qui goûte les joies simples du bonheur familial auprès de Thérèse, sa femme, et de ses deux enfants. Il rencontre alors une autre femme, une postière prénommée Emilie. Toujours très amoureux de sa femme, il ne veut ni se priver, ni se cacher… François papillonne, goûte aux multiples saveurs de la vie et croit que « le bonheur s’additionne ». De ce fait, plutôt que de ne suivre qu'un amour, il décide de cumuler les bonheurs : menuisier, père, mari puis amant heureux…
Le bonheur que Varda dépeint ici est un bonheur simple, lumineux, vivifié par une palette de couleurs impressionnistes sous l'égide de Manet ou encore Monet.
Bonheur et moralité
La référence à Jean Renoir est d'ailleurs pleinement explicite, puisqu'en début de film, un de ces oeuvres Une partie de campagne se trouve visible en arrière plan de la télévision familiale.
Paul Meurisse, l'acteur principal cite cette phrase résumant à elle seule tout le propos du film de Varda "Le bonheur, c'est peut-être la soumission à l'ordre naturel."
Ce faisant, elle reprend, en la variant, l’idée déjà présente dans son premier court-métrage, La Pointe courte (1954), selon laquelle le bonheur, pour être naturel, est foncièrement amoral.
Cette mystérieuse citation intrigue et se trouve sujette aux interrogations. L'ordre naturel qui soit disant règne sur le bonheur, qu'est ce ? Ou plutôt qui est-ce ? L’ordre naturel est ici, ou plus largement à cette époque, la domination masculine, le patriarcat dans son ensemble.
Bonheur et dualité
Deux femmes, deux amours, deux bonheurs. Agnès Varda ne cesse de broder autour du motif de la dualité. La scène la plus parlante est certainement celle du bal musette où, guidées par un travelling gauche – droite incessant, Thérèse et Émilie passent successivement dans les bras de François comme si elles devenaient soudainement interchangeables. Les deux femmes se font alors miroir dans un jeu vertigineux digne d’Alfred Hitchcock.
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Un film intense et beau comme une après midi d'été que l'on ne voudrait jamais voir s'échapper.
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