La Maison du Mal ne donne pas de frissons

Sorti en 2023, le film d’horreur La Maison du Malde Samuel Bodin présentait un certain potentiel qui n’a pas été correctement exploité. Le problème avec les films d’horreurs récents est que beaucoup ont du mal à se renouveler ou ne sont pas aussi originaux et modernes que ce qu’ils prétendent. 

Woody Norman dans "La Maison du Mal"

L’histoire partait sur quelque chose de basique, mais qui marche : des parents qui cachent un horrible secret à leurs enfants. Le spectateur veut alors pouvoir suivre Peter  (interprété par Woody Norman) à travers cette horrible aventure et s’attend à ressentir les mêmes frissons que dans la bande-annonce, mais rien. A part quelques frissons et sursauts qui sont courts et modérés, ils ne sont pas fidèles à ce que la bande-annonce propose de ce qui n’aide pas à vaincre l’ennui. Les scènes marquantes et un peu stressantes sont celles où Peter découvre le corps et quand il assassine ses parents afin de libérer sa sœur. Si ce schéma avait été mieux élaboré et rendu plus exaltant, le film aurait été vraiment intéressant. Mais le réalisateur à décider de rajouter un élément qui gâche absolument tout le film qui n’est autre que Sarah (interprétée par Aleksandra Dragova). Au départ, elle est celle qui attise la curiosité du spectateur dans le film pour au final tout gâcher. La question étant maintenant, est-ce que si le monstre avait été plus réaliste, le film aurait été plus apprécié ? 

Certes, il est intéressant que Sarah soit la source de malheur de la maison car elle est dangereuse. C’est un retournement de situation qui veut se dissocier du “déjà vu”. Mais est-ce qu’elle avait besoin de ressembler à un monstre qui ne semble pas coller avec l’univers dépeint ? Ce qui rend “le monstre” un temps soit peu effrayant est le fait que l’on ne peut réellement le voir. En effet, c’est surtout sa posture à l’allure difforme, ses griffes et ses longs cheveux qui sont mis en valeur, un peu comme dans Alien, le Huitième Passager de Ridley Scott. C’est une méthode qui consiste à laisser le spectateur imaginer ce à quoi le monstre ressemble afin qu’il ait en tête une image effrayante du monstre. Sauf que Sarah monte aux murs et plafonds pour se déplacer ce qui la rend surhumaine et fait penser aux “esprits malveillants” comme celui de The Ring de Gore Verbinski. Il faut aussi rappeler qu’elle a grandi entre les murs donc il est concevable qu’elle y est développée une certaine souplesse et rapidité mais où trouve t-elle la force de soulever des personnes bien plus lourdes qu’elle alors qu’elle est censée être affaiblie. La scène qui donne une vue sur son visage la décrédibilise entièrement car son visage, aussi déformé qu’il puisse être, ne rend pas ce monstre un minimum vraisemblable. Les effets spéciaux sont ratés et son visage est presque drôle car il ressemble à celui  du Chat du Cheshire dans Alice au Pays des Merveilles. Donc au final le monstre n’est pas aussi original que ça et ne donne pas ce quelque chose d’unique au scénario. 

Cependant, les acteurs ne sont pas à blâmer.  Aleksandra Dragova donne parfaitement vie à Sarah grâce à ses talents de chorégraphe.  Mais il y a eu des attentes trop élevées pour son rôle qui fait que son apparition était décevante et que son talent est un  peu passé inaperçu. Woody Norman fait partie de ces enfants talentueux dont on souhaite suivre l’évolution de leur carrière . Enfin, les parents, interprétés par Lizzy Caplan et Antony Starr, sont convaincants et complexes. Ils arrivent à faire ressentir une froideur et un malaise surtout quand ils sont en présence de Peter. Et il est intéressant de comprendre vers la fin du film pourquoi ils sont devenus des parents aussi cruels et froids par moments avec Peter mais de ne pas avoir à compatir car ils n’avaient pas à le maltraiter ainsi. 

Bien sûr, le film n’est pas un véritable échec mais il aurait été plus intéressant si le scénario avait été plus travaillé. Car cela donne l’impression que beaucoup de potentiel n’a pas été exploité car tout a été mis sur l’arrivée de Sarah à la fin, qui s’est révélée décevante. Peut-être que si le scénario s’était seulement  concentré sur les pulsions meurtrières de Sarah et non sur le fait de vouloir lui donner un physique et des capacités hors du commun , cela aurait rendu la fin du film plus intense et accrochante.