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“En Inde, il vaut mieux naître vache que femme”

Dernière mise à jour : 13 déc. 2024

Voici la triste vérité de plus de 700 milles femmes dans ce pays. Bien que le sort des femmes en Inde soit une véritable source de préoccupation. Dans le film, La Tresse réalisé par Laetitia Colombani, sorti en salle en novembre 2023, c’est en vérité le sort de trois femmes au quatre coins du monde où la destinée va entrecroiser leurs chemins et toucher nos petits cœurs. 


Mia Maelzer dans le rôle de Smita et Sajda Pathan dans le rôle de Lalita dans La Tresse réaliser par Laetitia Colombani
Mia Maelzer dans le rôle de Smita et Sajda Pathan dans le rôle de Lalita dans La Tresse réaliser par Laetitia Colombani

Pas mal, c’est français !


Son film s’inspire de son premier  roman du même nom qui paraît chez Grasset en mai 2017. Il relate l'histoire de trois femmes aux destins poignants et très différents, en Inde, en Sicile et au Canada. Rapidement identifié comme “le roman à lire” : il compte deux millions d'exemplaires vendus en France et s’est traduit en quarante langues différentes. Il remporte plus d'une vingtaine de prix littéraires en France et à l'étranger. Le scénario est également adapté au théâtre en France, en Espagne et en Italie. En 2023, c’est l'adaptation cinématographique de La Tresse que l’on retrouve réalisée par l’auteure elle-même Laetitia Colombani. Rare sont les adaptations cinématographiques qui ont le même réalisateur que l’auteur original. En s’inspirant de l’histoire de son propre livre pour réaliser son propre film, on y décèle une véritable liberté artistique et politique revendiquée et assumée de la part de l’auteur. À travers cela, la réalisatrice nous montre, avec ces images, ce qu'elle voulait nous transmettre avec ces mots. C’est la véritable force de ce long métrage, qu’on ait lu ou non le livre, cela permet d’être fidèle à l’écrit mais aussi d'être interprété comme une prolongation de son histoire, du monde et des personnages qu’elle met en valeur.



La réalité d’un monde aussi atroce que magnifique. 

Dans ce drame, tourné dans les pays respectifs où se déroulent chaque histoire, c’est une véritable richesse culturelle et visuelle à laquelle le spectateur est confronté. La direction des images et des plans nous incorporent véritablement dans des destinations aussi charmantes qu’hostiles pour ces femmes. Comme dans le livre, chaque chapitre, nous représente une partie de leur histoire pour peu à peu tisser des liens et nous préparer au dénouement final quelque peu prévisible. On suit d'abord Smita, une jeune maman indienne qui entame un exode avec sa fille pour fuir sa condition, dans l’espoir de donner à celle-ci un avenir meilleur. En Italie, c’est Giulia qui doit affronter les torrents du monde du travail, lorsqu’elle apprend que l’entreprise de vente de cheveux de son père, dans le coma, fait faillite et qu’elle est la seule à pouvoir la préserver. Au Canada, on suit Sarah, une grande avocate qui se bat chaque seconde pour garder sa place et qui se voit ébranlée à l’annonce de son cancer. C’est avec une connaissance des castes, des cultures, du monde et de ce que vit tous les jours les femmes à travers le monde que la réalisatrice arrive à happer notre regard et notre intérêt. Pour ajouter à ce charme visuel, le choix de garder les langues originales de chaque pays, renforce cette incorporation dans un lieu et dans une culture propre que le spectateur est amené à voir. Subtilement, mais quelque peu mielleuses, les musiques de Ludovico Einaudi font le lien entre ces histoires. À aucun moment, on passe du bruit de la ville en Inde au silence de la chambre d'hôpital sans une musique qui nous donne un goût aussi doux qu’amer. 



Du livre au scénario, il y a bien plus qu’un pas à faire.


Ce long métrage renferme une certaine dualité dans son propos qu’il est difficile de passer outre. Il aborde la dureté de la vie et de la place des femmes dans la société. Que ce soit dans une culture, dans le monde du travail, des relations maritales ou encore des relations mère-fille. On y voit alors une ébauche de critique de la société, qui est capitaliste, autocentrée, patriarcale à travers le regard de ces trois femmes dans le monde. Mais ce récit est maladroit, il donne des idées mais se contredit en chemin ou ne donne qu’une ébauche du message qu’il veut transmettre. Surtout lorsque le dénouement final est rendu possible grâce ou à cause des différents aspects qu’il dénonce. Il se veut dramatique sans l’être frontalement, la vie de Smita est vraiment difficile, son mari chasse les rats pour vivre et nourrir sa famille, elle est destinée à nettoyer les excréments des autres depuis que sa mère lui a appris très jeune. De plus, elle est très malade, un détail que l’on oublie très rapidement. Sarah a un lien unique avec sa fille hypersensible et elle est constamment confrontée à sa solitude dans l’écrit ce qu’on peine à retrouver dans l’adaptation. Ce film montre simplement le combat de ces femmes sans le montrer frontalement et surtout trop proprement, ce qui malgré tous ces efforts visuels met une distance entre le spectateur et ces destins poignants. 



Ce film est un paradoxe complexe qui opère chez le spectateur. L’histoire et l’univers du film sont foncièrement très beaux, très tristes et touchants, qu’il faut le voir pour comprendre. Tout autant, qu’il donne matière à réfléchir et à débattre sur la façon dont il montre les choses qui peuvent être poignantes, remplies d’humanité et imparfaites. Mais les œuvres n’ont pas la prétention de se considérer comme parfaites tant que l'on pose notre regard sur elles.

1 Comment


Veronica
Dec 13, 2024

Superbe article, le film a l'air très intéressant malgré ses limites. Je trouve cela très beau de lier plusieurs femmes du monde tout en respectant leurs diversités culturelles, notamment en gardant leurs langues d'origine

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