Il n’y a pas d’âge pour que l’on nous conte une histoire qui sort de l’ordinaire. Cela permet aux petits comme aux grands de s’évader un temps soit peu de la réalité. David Fincher est connu pour des films assez sombres comme Zodiac (2007), Fight Club (1999) ou encore Gone Girl (2014). Et la liste est loin d’être finie mais le roi des thrillers s’intéresse aussi aux autres genres comme le fantastique avec L'Étrange Histoire de Benjamin Button, sorti en 2008, et qui est l’adaptation de la nouvelle de Francis Scott Fitzgerald. Une adaptation qui fait autant pleurer que sourire.
L’histoire est contée par Caroline (interprétée par Julia Ormond) qui lit le journal de son père, Benjamin Button (interprété par Brad Pitt). Le scénario est réellement travaillé et pourtant simple. Il est intéressant quand Daisy ajoute des anecdotes personnelles à l’histoire contée, cela rend le récit plus vivant. Ou encore lorsque les voix des narrateurs changent tout à coup car cela permet de faire une transition entre le présent de Caroline et le passé de Daisy et Benjamin. On replonge directement dans un univers différent.
En effet, le présent ne se déroule que dans une chambre d’hôpital dans laquelle Daisy est en fin de vie, mais le passé est représenté par de magnifiques décors à couper le souffle qui ne cessent d’évoluer tout au long des décennies et il en est de même des costumes. Et David Fincher tenait à ce qu’ils restent réalistes. Cette représentation du passé montre à quel point Benjamin et Daisy ont eu une vie mouvementée. En tout cas, c'est une jolie manière de représenter le temps qui passe.
Le temps est par ailleurs le thème principal du film. Le film débute par exemple avec une horloge (qui évolue dans le sens inverse comme Benjamin Button) et il est aussi la raison pour laquelle Benjamin et Daisy ne peuvent vivre ensemble sur le long terme, malgré l’amour profond qui les lie. Ils connaissent un réel bonheur lorsqu’ils finissent par atteindre le même âge mais ils sont tous deux rattrapés par le temps : l’un rajeunit et l'autre vieillit. Peut-être que l’une des leçons à retenir du film est qu’il faut profiter de ce que l’on peut du moment présent.
Benjamin a découvert ce que c’était d’être une personne âgée, avec les inconvénients comme les avantages, et profite maintenant de la jeunesse qui lui est donnée. Et au contraire, Daisy a déjà connu tout ça et doit accepter de vieillir. D’une certaine manière, Benjamin est à la fois chanceux et maudit. Chanceux car il commence par subir tous les désavantages de la vieillesse et plus il vieillit, plus il se sent en forme et devient mature. De la malchance car dès le début de sa vie, il ne cesse de côtoyer des personnes qui finissent par mourir. De plus, il ne peut vivre indéfiniment avec la femme qu’il aime et sa fille.
Mais il a tout de même eu la chance d’avoir Daisy qui l’a accompagné jusqu’à la fin de ses jours. C’est d'ailleurs une belle façon de clore leur histoire. En effet, Benjamin a rencontré Daisy pendant qu’il avait le corps d’un homme âgé et elle celui d’une enfant et à la fin c’est l’inverse, Daisy est une femme âgée qui dit adieu à un nourrisson. Une sorte de cycle est représenté : que l'on vienne de naître ou que l'on est âgé, on a besoin de quelqu'un à nos côtés pour prendre soin de nous car l'on est ou redevient dépendant.
Mis à part la belle histoire d’amour, le film captive les spectateurs grâce aux aventures que Benjamin ne cesse de vivre. Il traverse les mers et océans, visite de nouveaux pays, et ne cesse de faire des rencontres qui ont un fort impact dans sa vie. Benjamin profite du mieux qu’il peut du temps qu’il possède et des personnes qui l’entourent et il est très agréable pour le spectateur d’être témoin de cela.
Enfin, il y a un tas d’anecdotes intéressantes au sujet de ce film. Comme le fait que Cate Blanchett ne sait pas faire de la danse classique comme on pense le voir : son visage a été transposé sur celui d’une danseuse. Et il en est de même de Brad Pitt quand il est âgé, ça n’est pas son corps mais c’est bien son visage (après 5h de maquillage). Cela est dû à une innovation qui n’est autre que le cinéma contour.
Malgré les différents aléas auxquels David Fincher et son équipe ont dû faire face, L’histoire incroyable de Benjamin Button a réussi à voir le jour et aujourd’hui l’une des œuvres les plus douces du réalisateur. Dans un style un peu plus fantastique mais qui suit le même schéma, il y a Big Fish de Tim Burton sorti en 2003. C’est un film qui plaira sûrement aux spectateurs qui ont aimé le film de David Fincher.
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