top of page

Bref, 40 ans ça craint !

Dernière mise à jour : 24 févr.

TW ( spoilers)


Contre toute attente et 14 ans après une première saison, Bref écrit par Kyan Khojandi et Bruno Muschio revient sur nos écrans. Vos poils se sont sûrement hérissés quand vous avez entendu la nouvelle à cause de la nostalgie de la saison 1. Par son format original d’une minute ou deux, elle avait marqué le début des années 2010. C’est les petits pois jambons de la cantine mais pour les adultes. Un doux souvenir du début des années 2010. Pour résumer, on suit un trentenaire au chômage interprété par Kyan Khojandi qui vit en collocation. Il tombe amoureux d’une fille jouée par Alice David et ne peut pas cesser de penser à elle.

Bref saison 2 c’est 6 épisodes: une introduction, 4 parties et une conclusion. Une dissertation sur la vie finalement. On retrouve tous nos personnages de la saison qui ont tous évolués sauf “je”. Notre protagoniste se retrouve dans ce moment redouté de tous: la crise de la quarantaine. 



Une campagne marketing forte

Si vous preniez le métro il y a quelques semaines, vous avez surement aperçu ces cartons noirs avec écrit “re”. Au-delà d’attirer par son étrangeté, ces cartons faisaient référence à cette saison 2. Avec une publicité marketing étonnante, cette saison intrigue même ceux qui ne connaissaient pas la série. Un coup de génie marketing certes mais ce n’est pas la seule chose qui a attirée autant de spectateurs à voir Bref 2. Cette saison est marquée par un casting très ouvert. Il n’est pas seulement constitué d’acteurs mais aussi d’influenceurs comme Seb la frite ou encore Freddy Gladieux. Ainsi elle touche un public beaucoup plus large. L’écart générationnel se ferme. On a par ailleurs retrouvé, de nombreux influenceurs postés sur leur story ce même carton noir. Tous ces éléments créent un très bon cocktail qui attire par son ancienneté et son humour les spectateurs de l’époque et d’autres.



De la profondeur à l’écran


Quand nous regardions en 2011, la première saison, nous rions tous. La série était construite pour faire rire. En regardant cette saison 2, nous pensons retrouver cette même ambiance. Finalement, ce rictus commun à tous se transforme en larme. C’est là toute la magie de cette saison 2. Elle fait évoluer le spectateur. Elle incarne la maturité et sa prise de conscience. Elle aborde des thématiques très profondes comme le décès ou encore les relations toxiques. On peut citer le moment où “je” remet en question sa relation amicale avec Ben, son ami depuis le collège. Il s’est rendu compte qu’il ne le tirait pas vers le haut mais aussi qu’il n’était plus celui qu’il avait rencontré. Kyan et Bruno mettent le doigt sur une étape presque imminente dans de nombreuses relations: ne plus être au même stade. C’est un moment très douloureux qui souvent se termine par la fin de cette relation. Au-delà de la douleur, il permet de prendre en maturité. Se rendre compte qu’une relation n’est plus la même, s’est comprendre que nous avons évolué. La personne que nous étions au début de cette relation ne nous correspond plus et de ce fait la relation aussi. Ainsi, arrêter cette relation peut être signe de vouloir continuer cette évolution. Le personnage de “je” en témoigne bien. Dès que Ben n’est plus présent dans sa vie, il fait des choix qui vont dans le sens d’une vie meilleure. Par ailleurs, le personnage de Ben est dans une vision manichéenne de la série le méchant. Il boit au même titre que ses bières, les bonnes énergies de ses proches. Il a de mauvais conseils, il harcèle son ex Billie (Laura Felpin). Globalement, il n’est pas une personne fiable sur qui compter. Il est également intéressant de noter que le format tient un grand rôle dans la profondeur des thèmes abordés. En effet, plus le temps est long, plus le scénariste peut mettre d’éléments pour nourrir ce qu’il veut dire.


Un “je” plongé au paroxysme de la toxicité


Cette saison 2 représente bien l’évolution du personnage. La maturité a pénétré son corps. Il se rend compte de ce qu’il aime, de ce qui lui fait du mal et que lui aussi fait du mal. Avec cette saison, on se rend compte de la toxicité du personnage. Cela est aussi expliqué par le fait que les mœurs étaient différentes il y a une dizaine d'années, ainsi on regardait d’un autre œil la série. Cette révélation nous la devons à la pluralité de points de vue que nous offre la réalisation. Du point de vue romantique, on peut voir cela par le biais du film de l’ex de “je” où on comprend comment elle a vécu sa relation avec lui. D’un point de vue fraternel, on peut voir cela avec la confrontation à la vision du frère et à la sienne. Cette affrontement nous rappelle que rien n’est jamais neutre et que notre vérité n’est qu’un point de vue parmi tant d’autres.


Perdre ses proches: le grand saut imminent 


De la crise de la quarantaine en découle une peur: perdre ses proches. Plus on grandit, plus on risque de perdre ceux qui nous sont chers. Les personnages de “je” et de ses proches représentent bien cette rencontre avec cette peur, car oui, on a beau en parler, nous ne sommes jamais prêt à ça. Pour parler de ce sujet, un épisode entier y est consacré. Dans ce dernier on peut voir les différentes manières de gérer la mort imminente d’un proche. L’un fuit la mort (le frère), l’autre mène une guerre contre la mort (la mère) et quelqu’un d’autre se rend compte de l’urgence de la situation et passe tous ces moments avec le futur défunt (“je”). La vision de la guerre qui représente une forme de déni est intéressante. L’individu qui éprouve la mort comme une guerre la voit plus tôt comme un ennemi qu’une fin en soi. 

Toutes ces manières d’appréhender la mort permettent au spectateur de se reconnaître mais aussi de comprendre ses proches. En effet, souvent la manière dont quelqu’un gère ce genre de situation peut mener à de l’incompréhension. Ainsi, voir d’un point de vue extérieur peut nous aider à comprendre car nous ne sommes pas directement concernés. Par conséquent nous portons un regard plutôt neutre sur la situation tandis que quand nous le vivons, nous pouvons être submergés par certaines émotions comme la colère.

La série met en lumière une autre idée: se rendre compte des choses et en discuter trop tard. Souvent, nous ne prêtons pas réellement attention à nos souvenirs et ce que notre cerveau en comprend. Nous avons peur de les comprendre et de les confronter avec la cause de ce souvenir. Ainsi, le fait de ne pas être en face de la personne peut faciliter l'extériorisation mais pas la guérison. Cette idée est illustrée par “je”. Après le décès de son père dû à un cancer, il comprend que beaucoup de ses problèmes actuels lui viennent de son enfance. Il en a enfin parlé de vive voix sur la tombe de son père. Est-ce un manque de communication, la peur ou encore l’ignorance ?


Une expérience universelle


La série est dénuée de prénom, le personnage principal s’appelle “je”, son ex  “cette fille”. A cela, on peut y trouver une explication. Dans une production audiovisuelle ou cinématographique, donner un nom c’est donner une identité à la chose. Ainsi ne pas donner de nom, c’est universaliser les événements qui se passent dans la série. L’identification que le spectateur recherche se fait naturellement. Cette saison 2 permet d’imager en profondeur ce que tout individu est voué à vivre dans sa vie.


Que retenir ?


S’il y a une chose à retenir de cette saison hormis le fait de profiter de ses proches, c’est se remettre en question car oui on peut tous être “le mec du film”. On peut tous, être cette personne qui arrange la vérité à sa sauce, qui pense l’autre comme le méchant et qui ne se remet pas en question. On peut associer cela au victimisme qui est le fait de toujours se placer à la place de victime. “Je” le fait avec tout le monde et il invite le spectateur à lui aussi se remettre en question. Nous ne sommes pas dans la tête des autres et sans communication, sans témoigner d’empathie en se mettant à la place des autres, nous n'évoluons pas. 



Bref, 6 épisodes c’était trop court.



Comentarios


see you in theaters !
Audrey Tautou dans "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain"

© It Is Clueless. Tous droits réservés.

bottom of page