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La femme à l’écran: Comment s’émanciper


La représentation: caractéristiques


Avant d’aborder le sujet en profondeur, il est important de voir comment est représenter la femme à l’écran. Au-delà du mâle gaze que nous allons aborder un peu plus tard, on peut tout de même dégager des caractéristiques persistantes et nocifs pour la construction de la femme. Tout d’abord, si on reprend le cinéma classique, la femme respecte tous les stéréotypes de la femmes. On peut notamment citer la docilité, la sensibilité, son incapacité à se défendre. En bref, c'est une marionnette pour le réalisateur et un tableau à contempler pour le spectateur. Ainsi, en terme de personnalité, la femme ne s’émancipe pas. Physiquement elle représente ces clichés. Elle est souvent en talons, dans une robe qui l’empêche de faire ce qu’elle veut et qui souvent la dévoile pour le plaisir de ceux qui la regarde. Son maquillage et sa coiffure masque sa personnalité véritable. En d’autres mots, tout la confine dans son rôle de servante de l’homme. Cette vision de la femme a évolué durant le siècle dernier et donc au cinéma aussi. Cependant même si elle a évolué il reste toujours des résidus de cette conception de la femme dans l’art cinématographique.


Une représentation qui pose problème


Si les stéréotypes masculins posent problème, ceux féminins ne s’opposent pas à cette règle. En effet, ils généralisent des comportements nocifs à l’émancipation des femmes dans la société. S’ils en écartent, ils peuvent être marginalisés. Tout est sexualisé en permanence et pour la femme, cela à pour résultat de déconstruire ou concevoir une certaine image. En voyant à l’écran, des femmes qui se sexualisent et qui sont sexualisées, une spectatrice peut inconsciemment reproduire ce comportement. Si cela est vu trop jeune, la construction de cette femme peut être entravée par des facteurs externes qui lui montrent une image fausse de ce qu’elle doit être. De plus, elle peut reproduire ces comportements de soumission. Avec le male gaze et même encore aujourd’hui, le corps de la femme est sexualisé en toute circonstance. Ainsi, même le corps de jeunes filles ou femmes peut être la victime d’un regard malsain. Ce phénomène n’est pas seulement dans le cinéma mais aussi dans le sport par exemple. On peut notamment citer Laura Martinez, une jeune athlète espagnole encore mineure à l’époque a été sexualisée sur les réseaux sociaux. Avec cette mentalité, le cinéma et l’audiovisuel participent à ce phénomène et le font de manière consciente. Cela peut créer un malaise chez la femme pour s’épanouir dans son corps. Cela modifie également la perception que l’on a de soi en tant que femme. Que pense l’autre en me regardant? De plus, un seul type de corps est montré à l’écran. Ainsi, ce malaise s’accentue car il y a un idéal de beauté à atteindre selon les films et les séries.


Le male gaze


Le male gaze a été théorisé par Laura Mulvey. Selon elle, il y a dans les films, une construction inconsciente de la femme comme sujet du regard de l’homme. Elle s’appuie sur les travaux de Freud avec l’inconscient pour expliquer cela. En quelques mots, le cinéaste par le biais de moyens cinématographiques conçoit la femme comme objet du récit pour le personnage principal féminin. On peut notamment penser à Gilda de Charles Vidor avec un personnage féminin sexualisé en permanence par le biais de ce regard scopique inconscient. Ce phénomène découle de ce rapport hiérachique entre l’homme et la femme crée par les stéréotypes de genres. C’est la manière de représenter la femme selon les stéréotypes de l’époque.



Sexualiser: un problème récurrent chez le spectateur


Si l’on regarde aujourd’hui, nous pouvons trouver un héritage de ce mâle gaze. 

Si avec ce phénomène, la femme était objet d’un regard “malsain” masculin, aujourd’hui ce regard est fait de manière plus discrète. On peut retrouver une sexualisation de la femme qui est accentué par le public. En effet, un problème réside aujourd’hui dans la fanbase: la sexualisation constante des actrices. Si à la base un personnage n’est pas sexualisé, les spectateurs s’en chargent à la place du réalisateur. On peut ici dégager une problématique de taille qui est l’hypersexualisation. Dans notre société, tout est sujet à une sexualisation. 

S’agit-il d’une déconnexion avec le monde réel ou bien d’une normalisation de ce phénomène chez les nouvelles générations? En réalité ce phénomène à toujours été présent mais a évolué au cours du temps. On peut dire qu’aujourd’hui, les spectateurs l’expriment de manière explicite sur les réseaux sociaux. On peut citer TikTok ou encore Wattpad avec les fanfictions. Ces individus ne pensent pas que derrière ces personnages ou ces stars, il y a une personne. Cela crée une fracture entre l'œuvre et le réel. Ces personnes associent les deux ensembles et créent une réalité illusoire.


La sexualité trop représentée?


Cette sexualisation vue précédemment peut se justifier d’une part par la mise en valeur des attributs des deux sexes mais également à travers une sexualité et une nudité qui est très présente. On peut expliquer cela par une libération dans les années 70-80 au cinéma Hollywoodien de la nudité. Ce changement peut s’expliquer par la fin du code Hays quelques années auparavant. On peut tout de même dégager un autre élément qui peut expliquer cette perception de la femme: Le cinéma hollywoodien classique portait dans ses bras une grande majorité de la production cinématographique. Ainsi, la représentation puritaine de la société était majoritaire. C’est une société axée sur la religion. Ainsi, il ne faut pas montrer certaines choses à l’écran comme la nudité ou encore la sexualité. Cela peut expliquer ce passage brutal. Ainsi, on passe d’un cinéma qui cache à un cinéma qui dévoile. On voit beaucoup de corps presque nus, beaucoup de scènes intimes. Ainsi, cette transposition a pu se faire de façon trop brutale pour le spectateur. La construction des spectateurs à l’époque a pu tourner autour de cette sexualité et nudité surreprésentées. Cette sursexualisation abordée au-dessus se diffuse dans les séries pour adolescents normalisant une vie sexuelle active très jeune. Cela est problématique dans la mesure où une pression peut se mettre en place dans la tête des jeunes. Il faut être expérimenté dès l’adolescence. Cela associé à la pornographie, change la perception du sexe tendant ainsi vers quelque chose de plus malsain et obsessif. Le danger ici est une déconnexion avec le réel. De plus, cette nudité hyperbolique implique la sexualisation systématique des attributs féminins. Ce phénomène se répercute sur le monde réel notamment sur les poitrines des femmes 


Le corps féminin: instrument du film


Le corps de la femme devient donc lui-même un protagoniste du film. Il est vu par beaucoup au-delà du personnage. Ainsi, voir à l’écran un corps féminin est relié à un enjeu esthétique: comment représenter le corps féminin sans le sexualiser. Si la sexualisation est accessoire pour certaines scènes, on peut tout de même utiliser l’attrait du spectateur pour le corps, pour aider à la compréhension du film. Ainsi, les tenues des personnages féminins sont souvent des indices sur le personnage. Cela est moins efficace chez l’homme de manière générale. On peut se demander pourquoi. La réponse se loge dans les clichés de genre. En effet, la femme est dite plus “fashionable” que l’homme. Par conséquent, inconsciemment notre œil s’arrêtera plus sur l’apparence d’un personnage féminin. En rapport à ce sujet, on peut également dire que selon le type de film, l’homme se fond dans la masse avec les autres tandis que la femme se démarque plus. On peut notamment penser à la série Euphoria de Sam Levinson. La série a beaucoup marqué à sa sortie notamment par rapport à l’apparence des personnages féminins, que ce soit pour leur tenue ou leurs cheveux. On peut prendre comme exemple le personnage de Cassie. Toute son apparence peut être sujet à l’analyse. C’est un personnage qui a besoin d’attirer l’attention masculine. La cause provient directement de l’enfance avec son père absent dont elle a désespérément essayé d’attirer l’attention. Pour faire comprendre cela, ce personnage est souvent habillé de manière dévoilée. Ce détail est important car, ses tenues sont souvent un sujet sensible entre les différents personnages. Les couleurs qu’elle porte aussi sont importantes. Par exemple, ses vêtements sont souvent bleus marquant sa solitude et sa mélancolie. Ainsi, ces vêtements sont d’une grande aide afin de la comprendre. 


Une représentation qui évolue


La représentation féminine à l’écran a évolué. Avec le cinéma hollywoodien, la femme était souvent soit victime de male gaze soit peu représentée. Que ce soit pour les séries ou pour les films, aujourd’hui nous retrouvons une diversification de la femme à l’écran. La question à se poser est d'ordre éthique: comment ce changement s’est-il opéré? L’idée d’une femme objet s’éloigne de plus en plus de nos écrans. Ce changement est venu progressivement. Si on regarde, il coïncide avec la montée du féminisme. Il s’est démocratisé au fur et à mesure des années. Si on prend le cinéma des années 40 par exemple, la femme n’avait pas un grand rôle ou elle était juste présente par rapport au personnage masculin. Elle était enclavée dans son rôle social de l’époque qui commençait à légèrement évoluer. Avec les années, cela change. La montée du féminisme ou encore les manifestations hippies, tout cela mène à une évolution de mœurs en faveur des minorités. La liberté d’expression a pris une tournure beaucoup plus concrète, les hommes parlent de ce qui ne va pas dans le monde. La libération de la parole permet de mettre le doigt sur des problématiques mondiales et de les changer. Ce climat de changement se traduit donc au cinéma. Comme tout art, le cinéma est un miroir de la société. Ainsi, la place de la femme à l’écran est représentative de la place que la société lui impose. Cette évolution du rôle de la femme à l’écran montre bien que ce problème a évolué.


Le cinéma comme moyen d’expression pour la femme


De ces évolutions découlent une idée: le cinéma comme moyen d’expression pour la femme. En effet avec cette évolution, la femme a plus de place dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel. De plus, la liberté des cinéastes est de plus en plus marquée aujourd’hui. Ainsi, tout réalisateur peut montrer ce qu’il souhaite dans son art. Le cinéma permet donc d’imager ce qui se passe dans le monde. Ainsi, des cinéastes peuvent offrir aux spectateurs une nouvelle vision du monde d’un point de vue plus féminin, où les femmes qui regardent leurs œuvres peuvent mieux s’y retrouver. En d’autres mots, avec la montée des femmes au cinéma apporte une diversification de la représentation féminine qui s’écarte de celle dite classique que nous avons vu plus haut. Si avant, le cinéma diffusait un système hiérarchique entre l’homme et la femme, aujourd’hui cela évolue pour montrer une vision plus féministe de la société. Cependant, ces nouvelles mœurs ne sont pas acquises par tout le monde et beaucoup de comprennent pas l'intérêt de parler de féminisme au cinéma. On peut  notamment penser au film Barbie de Greta Gerwig sorti en 2023. Certains spectateurs ont trouvé le film trop enfantin et redondant. Beaucoup de gens qui ne sont pas concernés par les discriminations ne comprennent donc pas l’enjeu. Cela peut se traduire par un problème d’éducation en rapport avec ces stéréotypes. De plus, pour d’autres, la femme n’est plus aujourd’hui inférieure à l’homme. Cette opinion partagée notamment par l’ancienne génération est fausse. On peut expliquer cela par le fait que ce système normé offre un confort inconscient pour ceux qui ont vécu dedans. Ainsi, il ne voit pas le mal dedans. Cependant ne pas voir le mal ne signifie pas qu’il n’y en a pas. Ce qui se passe aujourd’hui au cinéma mais aussi dans les autres médias c’est une confrontation entre l’inconscience et le conscient. D’un côté nous avons, une ancienne génération qui a baigné dans ce système nocif et de l’autre une nouvelle génération qui cherche à le critiquer et à s’en émanciper. Cette nouvelle génération est par ailleurs souvent marginalisée par les anciennes générations. Elles n’acceptent pas le changement à cause de ce confort. En tant qu’humain on a tendance à défendre dur comme fer ce que l’on connaît au détriment d’autrui. Ce phénomène s'est produit pendant des siècles avec d’autres cultures par exemple. La hiérarchisation des connaissances et des valeurs est un problème profond qui n’est pas réglé. Si aujourd’hui, les nouvelles générations veulent modifier cela, il faut débuter un dialogue avec l’autre. Ainsi, le cinéma se porte comme support de cette discussion. Par ailleurs il est intéressant de noter que beaucoup de spectateurs différencient le cinéma masculin et féminin par le biais de la représentation de la femme. Par exemple, à la sortie du dernier biopic sur Marilyn Monroe intitulé Blonde de Andrew Dominik (il s’agit d’un drame semi-biographique), beaucoup ont critiqué le fait que le film sexualise à nouveau Marilyn Monroe. De plus, cette sexualisation a été jugée par les fans de Marilyn comme étant le résultat d’une vision masculine. Ainsi le cinéma n’est plus celui qui met la femme dans un enclôt de stéréotypes mais qui cherche à la délivrer 




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