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Un scénario de film d’horreur classique revisité par l’idéologie américaine


Au fil des années, James Wan s’est avéré un maître de l’horreur: Saw, Insidious, Conjuring, Annabelle, Malignant, etc. Depuis ses sagas Annabelle et Conjuring, s’est développé le Conjuring Verse, le MCU des films d’épouvante. Le premier film sorti de cet univers est Conjuring : Les dossiers Warren, en 2010. 



C’est pourtant un scénario typique de films d’horreur: une famille de classe moyenne déménageant dans une maison bon marché qui se trouve être hantée. Seulement, contrairement à la plupart des films où la famille se fait décimer peu à peu, Conjuring opte pour une narrative différente: des sortes de super-héros / médiums qui viennent aider la famille en détresse. Ici, la famille fait appel non pas aux ghostbusters mais aux Warren, des chasseurs de fantômes (et démons !) qui se présentent comme un peu plus sérieux et donnant des explications plutôt vraisemblables. Si les films Conjuring fonctionnent aussi bien c’est grâce à la dynamique du duo Ed et Lorraine Warren, interprétés respectivement par Patrick Wilson et Vera Farmiga. Les deux acteurs offrent une palette d’émotions aux spectateurs, qui passent de l’appréhension à la peur à la joie, tout en suivant leurs aventures. 

Les péripéties sont un élément central dans les films du réalisateur. En effet, ses films d’horreur sont régulièrement ponctués par des événements tout aussi terrifiants les uns que les autres, gardant le spectateur en haleine et surtout les yeux cachés. Dans Saw, c’était d’ailleurs ces rebondissements qui ont fait du huis clos un grand succès (peut-être un peu trop au vu des suites à n’en plus finir). En ce qui concerne Conjuring, du début à la fin, la famille est torturée sous les yeux des spectateurs par plusieurs démons insatiables. Si d’un côté cela peut paraître superficiel, trop “gros” pour être crédible, ces événements permettent de maintenir un certain rythme tout le long du film. Notamment en alternant entre la vie des Warren, les deux enquêteurs paranormaux et la vie de la famille Perron. 


L’esthétique des années 70 dans le Conjuring Verse est également très réussie dès le premier opus. Les spectateurs se retrouvent plongés dans un univers spatio-temporel bien défini. Les tapisseries à fleurs, les couvertures en crochet, les costumes de Lorraine et même le générique d’introduction du film donnent au film une esthétique très rétro (satanas). 


Entre les nombreux films Conjuring et Annabelle, nous pouvons voir un schéma se dessiner, autre qu’un rituel satanique effectué sur un ancien cimetière indien. En effet, le schéma familial est omniprésent. Notamment dans le premier opus, du côté des Warren comme des Perron: deux familles hétéronormées vont s’entraider pour rétablir l’ordre causé par des familles dysfonctionnelles. Ed et Lorraine Warren fonctionnent comme un couple soudé et uni, c’est ce qui en fait leur force face à tous les démons et esprits qui hantent la maison. Lorsque Lorraine fait des recherches (rapides) sur le passé trouble de la maison, les entités antagonistes sont également des familles mais dysfonctionnelles, notamment Bathsheba, la sorcière tuant son enfant au cours d’un rituel satanique. De plus, le film prend un parti pris religieux. A plusieurs reprises Lorraine déclare que “Dieu les a réunis [elle et son mari] pour une raison [aider les familles tourmentées par des fantômes]”. Sans oublier que l’une des raisons “aggravant” la situation des Perron est qu’ils ne sont affiliés à aucune religion. Ils sont athés, ce qui les rend plus vulnérables face aux entités démoniaques. Un schéma de l’idéologie de la société américaine se forme: pour ne pas avoir d’ennui, il suffit d’être un bon petit chrétien aimant sa famille. C’est sans oublier les quelques apparitions de revolver qui donnent une piqûre de rappel aux spectateurs: avoir un gun, c’est cool.

Ensuite, au moment du générique, un élément attire l’attention: “Based on the true story” (basé sur la véritable histoire). Or, il est important de nuancer cette affirmation. Les histoires “vraies” des films Conjuring et Annabelle sont très romancées par rapport à la véritable histoire vécue des Warren (elle-même romancée par leur propre vision). La source principale de revenus des Warren était la publication des livres qu’ils écrivaient sur leurs enquêtes. Leurs livres ont souvent connu le reproche d’être biaisés et d’allécher les lecteurs pour l’argent. 



Finalement, si le film se base plus sur un fait divers grossi qu’une véritable histoire, James Wan en fait un film qui devient rapidement un incontournable de l’horreur des années 2010. Il donnera lieu à une saga aux films tout aussi bons que médiocres. Le quatrième film de la saga Conjuring ayant été annoncé en septembre 2023 (dans La Nonne 2), une question se pose: James Wan sera-t-il réalisateur de ce quatrième volet ou simplement producteur comme pour le troisième volet ?


24 vues2 commentaires

2 Comments


WOooo l'ayant vu récemment, je ressens la même chose, belle découverte, hâte de me plonger dans le Conjuring-Verse, encore plus après la lecture de cette belle critique. <3

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Jasmine
Jasmine
May 25
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Très hâte aussi que tu découvres chaque pépite (et navet !) de cet univers, tu m'en diras des nouvelles !

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