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The Voices

Dernière mise à jour : 29 mars

Mais tout le monde a des pensée intrusives, suffit de ne pas les écouter ! Je change trop ma personnalité selon les gens, je dois être schizophrène !

De plus en plus d’information sur la santé mentale est facilement accessible et partagé, mais avec la rapidité des réseaux sociaux et la vulgarisation faite pour partager l’information rapidement, des phrases, comme celles au-dessus, circulent de plus en plus.  Si seulement il y avait une asso qui tentait d’analyser les représentations de la santé mentale et la neurodivergence à l’écran pour aiguiller vers des représentations plus concrètes et complètes. Ah oui ! C’est It Is Clueless ! Et c’est pour ça qu’aujourd’hui on vous présente The Voices, réalisé en 2014 par Marjane Satrapi, qui mélange l’humour de Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick et le drame de Michael R. Perry pour créer une pépite cinématographique.


Gemma Arterton et Ryan Reynolds dans The Voices, 2014
Gemma Arterton et Ryan Reynolds dans The Voices, 2014

Esthétique


En découvrant la vie de l’ouvrier lambda Jerry Hickfang, tout semble à sa place et merveilleux…trop merveilleux… Des couleurs vives, de la bonne humeur rayonnant du personnage, tout est parfait. En tant que parisienne habitué au gris, j’étais tout de suite mal à l’aise. Ce mal être n’a cessé de croître en observant les réactions de autres personnages, qui trouvent Jerry un peu bizarre. Il y a une vraie sensation de « uncanny » créée, non pas dans l’angoisse et la peur de ce qui se cache dans l’obscurité, mais à l’inverse dans le trop lumineux, le trop parfait. Bon, son chat et chien lui parle mais c’est pas grave, c’est mignon de voir un chien qui aime son maître et le pousse vers le bien, et un stéréotype de chat qui le pousse à tuer. Gros spoiler à venir.

L’angoisse et la partie horreur du film bascule et se concrétise lorsqu’il tue Fiona, accidentellement (?), que sa tête décapitée lui dit de prendre ses médicaments et que Jerry voit la réalité en face. Il décide de l’ignorer car elle est trop horrible et il arrête de prendre ses médicaments pour sa schizophrénie. Le monde redevient rose et parfait, mais le spectateur ne peux pas oublier la réalité qu’il / qu’elle a vu avec cet appartement gris, décrépit, le corps de Fiona dans différents Tupperware et sa tête qui décompose sur la table du salon. Ce bref moment de lucidité donne tout au spectateur pour faire monter l’angoisse de « qu’est-ce qui est réel ? » et la peur de ce que Jerry va faire, car même lui ne le sait pas.

Tout est construit à travers les yeux de Jerry donc le monde parfait, le chat, le chien et têtes qui parlent, tout est normal. Son esprit lisse tout et donc nous voyons cette version lisse et parfaite. Normalement, un film nous invite à suspendre notre incrédulité et croire ce que l’on voit, ici c’est inversé, le film nous invite par ces bref moments de lucidité à questionner ce que l’on voit. C’est assez fascinant, captivant et anxiogène d’avoir un narrateur, un point de vue, si peu fiable et qui rend cette esthétique coloré et normale parfaite pour ce genre d’horreur.

 

Point de Vue


Tout est construit à travers les yeux de Jerry. On voit ce qu’il voit mais avec un pas de recul. Cependant, on nous montre réellement ce qu’il voit et on comprends ce qu’il ressent et pourquoi il fait les choses, c’est rare pour un film d’horreur et pour un film qui met en scène un fonctionnement cognitif différent.

Pour les films d’horreur, les slashers classiques comme Massacre à la Tronçonneuse ou Scream, le point de vue est sur les victimes. C’est à elle qu’on s’attache (et qu’on s’empoisonne) et c’est de leur point de vue qu’on voit les évènements. Quand on voit des moments du point de vue du tueur, comme dans Terrifier 3, c’est pour le voir approcher sans que les personnages le voit, ou c’est pour le voir tuer d’autres gens. C’est rare d’avoir vraiment cette vision de ce que vie le tueur et c’est ce que nous offre The Voices. Alors, c’est logique d’une certaine manière de vouloir sympathiser plus avec les victimes d’un tueur en série qu’avec le tueur et dans le genre de l’horreur et du thriller ça marche très bien. Le problème est lorsque ça se transpose dans la vraie vie et que l’on associe des troubles mentaux comme la psychopathie et la schizophrénie au fait d’être un tuer comme dans les films d’horreur. Des films comme The Voices peuvent aider à déstigmatiser ces troubles tout en faisant des films flippant.

Pour les films sur les troubles mentaux et la neurodivergence, le point de vue de The Voices est aussi rafraichissant. En effet de nombreux films, comme Rainman ou plus récemment Please Stand By et Music, se concentrent sur les personnages dans l’entourage du personnage avec le trouble mental ou, dans les films cités, l’autisme. Ce personnage, central mais pas souvent principal, est montré en contraste avec une norme qui correspond à notre vision de la société, et ses différences et difficultés à correspondre à cette norme sont accentués. The Voices se distingue car tout est vu comme Jerry le voit, il est simple de se mettre à sa place, de comprendre ses actions et le fonctionnement de son cerveau. Cependant, ce fonctionnement n’est (souvent) pas celui du spectateur ce qui créer la tension du film. Avoir cette vision vraiment intériorisé du personnage « différent » est une magnifique porte d’entrée à la vision des personnes neurodivergentes et/ou atteintes de troubles mentaux, et pas juste aux conséquences que ceci à autour d’eux et ce qui est perçu de l’extérieur par des personnes neurotypiques.



Personnellement, j’ai adoré ce film. L’ayant vu sans savoir de quoi il parlait j’ai essayer de deviner ce qu’il se passait au fur à mesure, normal. Je me suis dit au début que c’était une dystopie d’un monde parfait, à la Truman Show ou Don’t Worry Darling et qu’il allait le découvrir et devoir s’en échapper. Quel surprise et bonheur de voir que la dystopie est dans son cerveau et que lorsqu’il en sort, il choisit d’y retourner ! Un pure plaisir.

Et si vous voulez voir plus de tueurs en série, au mental trouble à cause de leur mère, vous pouvez aller écouter le cinquième épisode de notre podcast le 6/04/25 !

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Audrey Tautou dans "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain"

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