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Starewitch, pionnier de l'animation

Si Wes Anderson est le premier nom auquel on pense lorsqu’on évoque l’animation stop-motion, il est nécessaire de rappeler que bien des cinéastes l’ont précédé et inspiré. C’est notamment le cas russe de Ladislav Starewitch. 


« Donner le mouvement à une marionnette est à la portée de n’importe qui, leur donner la vie est un art. » Ladislav Starewitch.


Né en 1882, Starewitch a toujours été passionné par l’art et les insectes. Il tourne son premier film (en prise de vue réelle): Sur le Niemen en 1909. Un an après seulement, il réalise son premier film image par image avec des insectes naturalisés: Lucanus Cervus. S’en suivent alors La Belle Lucanide puis La Cigale et la fourmi. Après la guerre civile, il s’exile en France en 1920, où il continue de réaliser des courts puis longs métrages en stop motion. 



Dans ses travaux, nous pouvons retrouver un besoin fort de morale et d’anthropomorphisme. En effet, il adapte à plusieurs reprises des contes de La Fontaine. Notamment dans un film réalisé posthume sur ses travaux: Les fables de Starewitch d’après La Fontaine, dans lequel sont réunies plusieurs fables de La Fontaine, réinventées par Starewitch. Dans le Roman de Renard (1941 en France, 1937 en Allemagne), l’une des premières scènes du film présente une adaptation de la fameuse fable du Corbeau et le Renard

Dans chacun des films d’animation de Starewitch, les personnages principaux y sont des animaux ou insectes humanisés. En passant par l’anthropomorphisme, le réalisateur peut ainsi faire une critique de la société d’une façon plus légère. 


L’un de ses premiers courts-métrages, La vengeance du ciné-opérateur, sort en 1912 et est produit par la société Khanjonkov (société éponyme du grand réalisateur de La Défense de Sébastopol, sorti un an auparavant). Dans cette animation d’un petit quart d’heure, nous faisons la rencontre de petits scarabés, l’un d’entre eux est cinéaste et surtout bien trop intrusif. Si l’on peut y voir une critique des images envahissant notre espace personnel, c’est surtout l’aspect comique qui retient notre attention. Aussi, un anthropomorphisme d’insectes vient immédiatement rappeler La métamorphose de Franz Kafka, dans une version plus comique bien que tout aussi critique de la société.



Le Roman de Renard

Adapté de récits médiévaux (Le Roman de Renart), ce long-métrage d’animation est le chef d'œuvre de Ladislav Starewitch et d’Irene Starewitch (son épouse). Un renard futé, un lion au pouvoir, un ours gourmand et un loup naïf, ces animaux anthropomorphes mettent tous en scène une satire d’une société qu’est la nôtre. Tout au long du film, Renard use de sa ruse pour jouer des tours aux autres animaux. Le roi lion décide alors de mettre en place un nouveau décret: les animaux ne pourront plus se manger entre eux et seront tous végétariens (sauf le lion bien sûr, car il est roi). Entre absurde, humour et critique, Le Roman de Renard est toujours d’actualité. 

Le film, mis à part le noir & blanc, semble tout droit sorti des studios de Wes Anderson ou des créateurs de Wallace & Gromit, pourtant, il sort plus de 50 ans auparavant. L’animation est magique. Si le cinéma a longtemps été considéré comme un spectacle de prestidigitation, Starewitch ne manque pas de le rappeler. La magie du cinéma fait oublier au spectateur l’artificialité des personnages, auxquels on s’attache, malgré leurs torts. La créativité et l’inventivité du réalisateur sont sans limite. 

De plus, le doublage met en valeur la richesse du dialogue, offrant des jeux de mots comiques tout au long du récit: “Han-hisse” pour les ânes, “Miel !” pour l’ours, etc. Rythmé par des séquences musicales, le film ne tirera en longueur qu’à de rares occasions. Il est nécessaire de préciser que nous n’avons plus les mêmes attentes pour un film qu’en 1937. 


Les années 20 et 30 furent l’apogée de Ladislav Starewitch, avant l’arrivée du parlant puis progressivement de la couleur. Ces nouveautés n’ont pas aidé les réalisateurs solitaires à trouver leur place, laissant Starewitch peu à peu dans l’oubli. 

Enfin, comme de nombreux réalisateurs, Ladislav Starewitch critique notre société, avide de pouvoir et égoïste. Cependant, il le fait d’une façon originale en utilisant des insectes et marionnettes d’animaux en stop motion.





SOURCES:

« Ladislav STAREWITCH ». Kinoglaz. Adresse URL :

Consulté le: 10/04/2024.


Site internet géré par la petite-fille de Ladislav Starewitch.

Consulté le: 10/04/2024

11 vues1 commentaire

1 Comment


Nalwenn V
Nalwenn V
Apr 18

Je suis heureuse d'apprendre son existance ! Merci !

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