Squid Game 2 : suite ou répétition ?
- Jasmine
- 9 janv.
- 5 min de lecture
Trois ans après le succès international de la série sud-coréenne, la deuxième saison de Squid Game est enfin sortie sur Netflix le 26 décembre dernier. Malgré une réussite parfaite sur les plans critique et spectateur, ce deuxième volet ne semble pas être autant apprécié et emballe bien moins ses spectateurs.
TW : Spoilers majeurs de la saison une et deux de Squid Game.
Squid Game saison 1 (Ctrl + C / Ctrl + V)
Le plus gros problème de la saison deux réside dans son scénario, ou autrement dit, dans l’aspect le plus important d’une série (ou d’un film). Alors que la première saison fait fureur avec son concept affreusement glauque et malsain, la saison deux ne fait que le recycler. Malgré deux nouveaux jeux de torture, on ne peut appeler ça une innovation.
Il est assez réconfortant de retrouver les signes distinctifs d’une série. Dans le cas de Squid Game, il s’agit certainement des décors aux couleurs pastels, rappelant nos cours de récréation de primaire mais aussi cette musique entêtante constituée de notes répétitives, comme une alarme. Il est aussi important de souligner les costumes revêtus par les soldats et les joueurs, inchangés (sauf si l’on note le passage du rouge au rose pour les soldats, légère différence anodine).
Cette nouvelle saison repose trop facilement sur ce qui fut apporté dans la première saison. Évidemment, il n’est pas nécessaire de changer la musique pour une saison deux, mais il est clair que les seuls aspects positifs de cette saison résident dans l’esthétique et l’héritage narratif de la saison précédente.
Le scénario lui-même se répète, le personnage principal Gi-hun (interprété par Lee Jung-jae) retourne sur l’île tandis que le policier Hwang Jun-ho (incarné par Wi Ha-joon) tente désespérément de trouver l’île. Alors que l’on aurait pu se concentrer sur l’histoire de Hwang Jun-ho, on reste du côté de Gi-hun, à revivre des séquences angoissantes et surtout, déjà vues.
Un scénario recyclé
En plus d’être répétitif, le scénario met deux épisodes (sur les sept) à mettre en place son histoire. Le showrunner de la série Hwang Dong-hyuk a lui-même affirmé avoir coupé en deux cette saison2. Ce qui explique cette fin brutale et ces nombreuses questions laissées en suspens. La lenteur est telle que l’on a qu’une envie c’est de voir Gi-hun enfin retourner sur l’île et retrouver l’homme avec son masque noir pour en finir une bonne fois pour toute. Comme le dit l’expression, ils tournent autour du pot, mais pour pas grand-chose tout compte fait.
Chaque jour, les joueurs votent pour décider de continuer l’aventure ou non. Et c’est également l’occasion pour les joueurs de débattre pendant de longues minutes. Les premiers discours sont intéressants car on y entend les différents points de vue des personnages. Cela permet également de renforcer cette critique évidente du capitalisme. Cependant, les discours et les votes sont presque plus longs que les jeux. Et ils rabâchent les mêmes thèmes à chaque fois : ceux qui veulent rentrer car ils ont assez d’argent et / ou ont peur VS ceux qui veulent continuer car ils n’ont pas assez d’argent pour rembourser leur dette. Le plus frustrant est de voir qu’à chaque discours, chaque joueur reste dans son camp. Chaque vote est long et assez prévisible : on se doute bien qu’ils ne vont jamais sortir de l’île tant les joueurs sont divisés.
Malheureusement, il n’y a pas que les moments de vote qui sont prévisibles. Si la première saison comportait de nombreux plot twists (notamment sur l’identité du créateur du jeu et de l’homme avec le masque noir), la deuxième saison de Squid Game a un scénario facile à deviner. Le traceur sur la dent qui est enlevé (vraiment ?), les joueurs qui finissent par voter pour continuer chaque jour à augmenter la cagnotte, le capitaine du bateau qui est de mèche, le meilleur ami qui meurt, etc. Chaque avancée des personnages n’en est finalement pas une car on finit par douter de leur inventivité… Ou plutôt de celle du showrunner.
Des nouveaux personnages non intégrés au récit
Pourtant, certains personnages sont intégrés à l’histoire. A première vue, ils sont tous aussi intéressants et complexes les uns que les autres : une femme trans ancienne sergent-major, une jeune femme enceinte, un père qui veut guérir sa fille malade, une mère survivante de la guerre de Corée qui doit régler les dettes de son fils (également présent). On veut en découvrir plus sur ces personnages. On veut s’y attacher. Mais finalement, on ne s’y attache pas réellement car on ne les connaît pas vraiment, malgré quelques phrases par-ci, par-là, qui nous laissent deviner leur passé. On découvre aussi plus en détail la vie des soldats, qui sont recrutés de la même façon que les joueurs. On suit en particulier une soldat dont on a du mal à saisir les intentions. Veut-elle réellement récupérer sa fille de la Corée du Nord ou prend-t-elle finalement plaisir à tuer les joueurs ? Ces personnages sont ajoutés à la narration sans y être réellement intégrés. Peut-être le seront-ils davantage dans la prochaine saison.
C’est cette complexité des personnages qui rend l’intrigue de Squid Game si particulière. Chaque personnage est moralement gris, autrement dit, il n’existe pas de camp gentils vs méchants. Bien sûr, certains personnages sont entièrement des antagonistes, comme pour Thanos, le rappeur qui prend plaisir dans les jeux et n’hésite pas à pousser les autres pour gagner au 1, 2, 3 soleil. Les personnages sont tous portés par le capitalisme et cette envie constante de toujours vouloir plus d’argent. Même le meilleur ami de Gi-hun, Jung-bae (interprété par Lee Seo-hwan), vote pour continuer le jeu, même s’il y risque à nouveau sa vie (et celles des autres).
Une violence réellement justifiable ?
Les jeux de torture sont d’autant plus malsains que ceux du premier volet. Dans la première saison, il y a cet aspect de découverte. On vit avec les personnages ces tortures qui vont décimer 455 personnes au total. On voit des personnes mourir sous nos yeux et on compatit, on sursaute, on vit chaque moment avec les survivants. La violence est alors vécue comme telle du point de vue du spectateur. On est choqués à juste titre par celle-ci.
Dans la saison deux, on connaît la chanson. On sait que la poupée géante va loucher des yeux pour voir ceux qui bougent au 1, 2, 3 soleil. A voir ces jeux de torture répétés, j’ai eu la sensation désagréable d’être parmi les invités VIP qui paient pour voir ces massacres. Au lieu de ressentir la violence, j’ai ressenti de la gêne, ce qui m’amène à repenser cette question de justification de la violence. Était-ce vraiment nécessaire de retrouver ces jeux pour avoir une saison deux ? Et même si c’est le cas, est-ce nécessaire que cela soit aussi long ? Je n’ai pu m’empêcher de retourner sur TikTok voir la promotion de Wicked afin d'éviter de regarder le jeu de la scène musicale.
Squid Games 2 est une suite qui avait beaucoup de potentiel. Mais cette deuxième saison tire bien trop en longueur en utilisant les mêmes ressorts scénaristiques que la première saison. Le fait d’avoir coupé en deux cette saison est à la fois une mauvaise puis une bonne nouvelle : on a souffert devant cette saison mais la prochaine sortira certainement cette année, étant donné que la saison deux et trois ont été produites en même temps. Alors, on peut espérer une meilleure fin, et enfin la réunion de Gi-hun et sa fille (et oui, on l’avait -presque- oubliée).
[Source]
Buonocore. Antonio. “Squid Game saison 3 : date de sortie, scénario… Voici tout ce que l'on sait sur la saison finale de la série Netflix”. GQ. 06/01/2025. https://www.gqmagazine.fr/article/squid-game-3-date-de-sortie-scenario-voici-tout-ce-que-l-on-sait-sur-la-saison-finale-de-la-serie-netflix . Consulté le: 09/01/2025.
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