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“Peu importe ce que vous lisez, l’important c’est comment vous le lisez” Noam Chomsky

Un film se regarde, s'écoute, s'interprète et se comprend mais tout à chacun est libre de penser à sa manière. “Peu importe ce que vous lisez, l’important c’est comment vous le lisez” et Captain Fantastic en a bien compris l’essence. C’est une tonne de questions qui sont intelligemment posées et qui proposent au spectateur simplement et humblement des clés d’interprétation et de compréhension “ la véritable éducation consiste à pousser les gens à penser par eux mêmes”. 


Viggo Mortensen, Samantha Isler, Annalise Basso, Shree Crooks, Samantha Isler, Charlie Shotwell et Nicholas Hamilton

Le cinéma a la puissance de pouvoir projeter certaines réalités crues et parfois insensées qui constituent notre société. Parfois, ce sont les films et surtout les artistes qui nous ouvrent les yeux sur notre condition. Dans Captain Fantastic sorti en 2016 et réalisé par Matt Ross, c’est une quantité de questions simples et parfois évidentes qu’il soulève alors que nous devrions nous les poser continuellement. Franc succès lors de sa sortie en salle, son visionnage reste tout autant actuel et légitime. Matt Ross prend la liberté de nous transporter dans une famille pas comme les autres en Amérique. Situé dans une forêt reculée du nord-ouest des Etats-Unis, Ben (joué par Viggo Mortensen), élève ses six enfants en quasi autarcie. En père dévoué, il consacre sa vie à faire de ces enfants d’extraordinaires adultes dans un monde où la connaissance et l’autonomie sont un pouvoir. Ils occupent leur journées en faisant du sport, de la musique, ils s’instruisent en lisant uniquement des livres et ils chassent. Tout va basculer lorsqu’ils apprennent que leur mère, malade, s’est ôté la vie. Ils doivent alors quitter leur havre de paix et se confronter à la société pour rendre un dernier hommage à leur mère. 



Avez-vous déjà imaginé votre vie si elle était en marge de la société ? Quelles seraient vos motivations ? Et que feriez-vous ? Dans ce film, c’est un concept plus qu’étonnant qui nous est proposé. Un couple décide d’acheter des terres dans la forêt pour en faire leur maison en quasi autarcie. Lorsque nous nous demandons comment élever des enfants dans une forêt éloignée de tout, eux y voient alors un échappatoire fantastique. Le couple peut enfin vivre loin de la fureur du capitalisme et de cette vie en société oppressante qui ne semble pas leur convenir. Ils s’éloignent de cette société de consommation en s’autosuffisant surtout sur la gestion des ressources. Cela  nous ouvre la possibilité de voir une solution extrême à ce refus de participer à cette vie en société. Mais pouvons nous vraiment y échapper et à quel prix ? 

Paradoxalement, dans de nombreux aspects, notamment dans l’éducation des enfants, les parents ne s’éloignent pas de cette volonté de connaître le monde. Et donc de toujours faire partie de cette connaissance sociétale. Les enfants ne vont pas à l'école mais ils lisent des livres intellectuels pour leur âge et se font interroger dessus. Chaque enfant connaît ses droits, ils lisent des traités sur la philosophie, le droit et l’économie, sans négliger les sciences et la nature. 



Dans la deuxième partie du film, cette famille est confrontée aux réalités difficiles de la vie comme le deuil, la maladie mentale, la recherche de soi et surtout la vie en famille. Mais aussi aux réalités de la vie en société car par exemple ils n’ont pas l’argent nécessaire pour faire les courses et voient le vol comme une mission. Ils se retrouvent alors en totale immersion dans une société qu’ils ne connaissent que dans les livres. A cela s’ajoute, les grands-parents qui veulent enterrer leur fille dans la religion chrétienne alors qu’elle était bouddhiste. Ils veulent aussi récupérer les enfants car ils jugent leurs conditions de vie indignes. Subtilement et parfois même frontalement, c’est toute l'éducation qui est remise en cause. Lorsque les enfants de Ben rencontrent leurs cousins, c’est le choc : ils jouent aux jeux vidéos, ils ont la télévision, ils ne connaissent pas leurs droits et la mère à tendance à leur cacher la réalité des choses car ils sont jeunes. Tandis que de l’autre, on s’offusque de la violence des jeux vidéos mais aussi de la différence de savoir entre les enfants qui vont à l'école et ceux qui n’y ont jamais mis les pieds. Comme le disait Noam Chomsky, un linguiste américain évoqué dans le film : “l'éducation ne consiste pas à remplir un contenant mais, bien plutôt, à accompagner l’éclosion d’une plante”. 

Le spectateur est donc constamment balancé entre le sentiment rationnel de vouloir que ces enfants intègrent la société et celui qu’ils restent auprès de leur père qu’ils affectionnent énormément. Est-il le captain fantastic qu’ils pensent ? Tous ces enjeux de parentalité difficile sont évoqués avec subtilité et tendresse. Ben nous montre ces faiblesses, ces doutes, ces remises en question en ne gardant qu’un seul objectif, être un bon père et faire ce qu’il y a de mieux pour eux. C’est spécifiquement ces attraits qui ont permis à ce film de remporter le prix de la mise en scène dans la catégorie un certain regard au Festival de Cannes en 2016 et le prix du jury et du public au Festival du Cinéma Américain de Deauville.  


  Ainsi le spectateur est tout du long coincé dans un film qui soulève des questions, provoque notre morale et notre réflexion sans pour autant nous apporter de réelles solutions. Comme s'il nous disait regardez cette belle et touchante histoire et n'oubliez pas de réfléchir par vous-même.  






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