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Miller's Girl

Un lycée dans une petite ville au milieu des États-Unis, avec une forêt mystérieuse et brumeuse, on suit une jeune femme qui nous parle de manière littéraire en voix off. L’histoire de son premier et grand amour avec un homme beaucoup plus âgée qu’elle. Non, ce n’est pas Twilight, sortit en 2008 mais bien Miller’s Girl, sortit en 2024. Cependant, les films portent à peu près le même intérêt sauf qu’un des deux à des vampires qui scintillent et loups-garous sans t-shirt.



Problématique


Avant d’attaquer ce qui est dangereux dans ce film, commençons par ce qui est dérangeant. Le squelette du film est celui d’un teen movie avec une intrigue de romance interdite, des fantaisies d’ados, une fin de lycée. Mais l’ambiance est plutôt celle d’un drame légèrement gothique et la justesse du jeu d’acteur enlève un certain ridicule et impossibilité des teens movies. Le résultat est étrange, un mélange de genre plutôt hétérogène et gênant. Le film essaie d’être quelque chose qu’il n’est pas. C’est également ressentit dans les longs, longs, longs, passages de voix off qui sont censés être un rappel aux mots et à leur importance dans cette relation entre deux auteurs mais qui au final sonnent comme de prétentieuses de quelqu’un qui se pense au dessus du monde qui l’entour et qui le perçoit comme un roman dont elle est le personnage principal. Ce décalage entre ce qui est voulu et ce qui est vu ce fait aussi au niveau des accents qui, au lieu de servir comme outil pour peindre le lieu du film, il parait plus comme un gimmick, là sans trop de sens.

La place des femmes dans ce film est extrêmement étrange. Il est écrit et réalisé par une femme, Jade Halley Bartlett, il est du point de vue d’une femme en Cairo Sweet, et a plusieurs personnages principaux féminins et pourtant réussi à peindre un portrait horrible des femmes. Le plus cliché est la femme de Jonathan Miller, une autrice à succès, contrairement à lui, qui annule leur weekend en amoureux pour son travail et l’empêche d’être satisfait à la fois dans sa vie professionnelle et sa vie de couple. Tout le personnage de Cairo tourne autour de la manipulation. Ne sachant pas quoi écrire pour sa dissertation sur son plus grand succès, son amie Winnie lui suggère de séduire Miller avec qui elle a déjà une certaine complicité. Cairo est manipulatrice envers les deux, elle dit que d’avoir réussi à faire que Miller ressente quelque chose pour elle et dépasse une limite est son plus grand succès jusqu’à présent. Elle embrasse son amie Winnie, qui est clairement attirée par elle en vengeance à Miller lorsqu’il tente de revenir au statut quo, sans arrière pensée, il semble, pour Winnie et puis arrête de lui parler. Le personnage de Winnie est stupéfiant. Elle ne sert qu’a remplir deux fonctions dans le film, et les deux s’opposent. Elle est présenter comme lesbienne et il est évident qu’elle est attiré par Cairo, c’est sa première fonction, satisfaire et nourrir le complexe de supériorité de Cairo. La deuxième est de pousser Cairo à séduire Miller en tentant de séduire un autre prof du lycée, Boris Fillmore, un homme. Donc, elle est là pour être lesbienne et séduire les hommes. En terme de représentation au niveau LGBT et féminin, on a vu mieux.


Fantasme


Bon maintenant que les mauvais aspects sont terminés, passons aux bons. Eh bah non, même si le titre de cette partie aurait pu vous le faire penser. Un terme qui courre les réseaux sociaux, et qui s’applique bien au film, est « romantiser » c’est–à–dire montrer quelque chose de mal ou conventionnellement mal ou dangereux dans une lumière positive. C’est ce que fait, en partie, ce film en ce qui concerne la relation entre ce professeur et cette élève qui se désirent. Le personnage de Cairo à 18 ans et il y a même une scène pour souligner le fait qu’elle est si jeune qu’elle ne peux pas boire aux États-Unis. Il y a eu des études montrant que, alors qu’une femme va en moyenne vouloir être en couple avec un homme d’environ son âge, un homme en moyenne va vouloir être en couple avec une femme de 25 ans ou moins. Pourquoi est-ce qu’en 2024 les jeunes femmes sont non seulement montrées comme manipulatrices mais aussi comme objet de désir alors qu’elles sont à peine majeure ? Et pire, avec ce titre, Miller's Girl, si comme si elle lui appartient et n'est définit qu'a partir de lui. C’est particulièrement surprenant car le film est écrit et réalisé par une femme.

Un autre point qui est « romantiser » est tout le fantasme d’ado de Cairo se créer autour de sa personne. C’est une adolescente, blanche, aisée au milieu des États–Unis, elle s’ennui visiblement avec celles et ceux qui l’entoure et se construit comme le cliché de l’artiste incomprise. Elle vit seule dans une grande maison où elle écrit et pense être une grande écrivaine à la hauteur de Henry Miller, qui dépasse déjà son prof à 18 ans. Son point de vu, la fiction de sa vie est appuyée par le film, comme la pluie qui tombe lorsqu’elle embrasse Miller, ou sa meilleure amie qui est amoureuse d’elle.

Il est difficile par moment de savoir si ce qui est vu est vrai ou si c’est un fantasme. Le moment le plus évident est quand M. Miller lit l’histoire que Cairo à écrit et s’imagine la scène avec elle. Est-ce que cela est purement dans son esprit ou est-ce un souvenir ? Lié à ce moment est celui de leur baiser qui, au début semble réel mais dont il est possible de douter par la suite lorsque Cairo n’en le mentionne pas alors qu’elle attaque Miller pour s’être comporté de manière inapproprié avec elle. Cela aurait pu être un commentaire intéressant sur les lignes floues fiction et réalités qui se floutent autour de sentiments forts, si cela était plus soigné et présent.

 

Sublime

         

Il faut dire, les acteurs sauvent ce film. Pas complètement, mais le rende un minimum tolérable. L’attirance, pas necessairement sexuelle au début, juste de complicité et de comprehension entre les deux personnages principaux, Cairo Sweet et Jonathan Miller, est sublimement illustrée dans le jeu fin et subtil de Jenna Ortega et Martin Freeman, respectivement. Même romantisé comme dans tous les film, le ressentit de « je vois et comprends cette personne et elle en fait de même » est magnifiquement montré, malgré le contexte déplacé, pour dire le moins.

 

En théorie, Miller’s Girl est problématique et renforce des stéréotypes dangereux pour tous et notamment les jeunes femmes, mais en pratique le film n’est pas du tout désagréable au visionnage de part la qualité de jeu. En fin de compte c’est l’histoire d’un homme lâche gouverner par son sens de supériorité et d’une fille qui se fantasme une supériorité, que le film encourage. Il reste inacceptable que la morale d’un film semble être que séduire un prof est un accomplissement, surtout si ensuite on peux se retourner contre eux et les attaquer en justice et les faire virer.

13 vues1 commentaire

1 Comment


Jasmine
Jasmine
Jul 24

Je ne me lasserais JAMAIS des références et clins d'œil à Twilight dans tes critiques c'est magistral

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