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La zone d'intérêt (2023) : le voyeurisme de l’invisible.

  • Photo du rédacteur: Marine
    Marine
  • 9 avr. 2024
  • 2 min de lecture

La zone d'intérêt est un long-métrage réalisé par le cinéaste Johnatan Glazer, dont on se souvient pour Under the skin (2013).

Ce film historique prenant place durant la seconde guerre mondiale en Pologne, met en scène la vie rêvée du commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss (Christian Friedel), et sa femme Hedwig (Sandra Hüller), et leur famille, dans une maison avec superbe jardin, située juste à côté du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau.


Christian Friedel de dos dans La zone d'intérêt (2023).

“Mêle toi de tes oignons”, “Arrête de regarder, ça ne se fait pas”, alors depuis, je m’occupe de mes affaires. 


Pourtant devant le jardin fleuri entouré d’une palissade grise, une horrible culpabilité me prenait aux tripes, autant détestable que déstabilisante. Malgré moi et les principes ingurgités depuis toujours, je voulais voir, savoir ce qui se cachait derrière la palissade grise. Ces choses dont seuls les cris et les bruits de chaînes nous créaient des images mentales. 


L'œil est attiré par ce qu’il ne doit pas voir, et j’ai détesté Jonathan Glazer pour avoir fait resurgir cette envie de voir l’horreur. Un désir humain de voyeurisme, comme quand on ne peut détourner les yeux notre voisine qui se change dans l’appartement d’en face. 


Durant toute la séance, nous étions des voyeurs, tant bien dans la maison de cette famille qui semble parfaite, qu’en face de ce mur surplombé de barbelés. Nos yeux devenaient des caméras de surveillance, blotties dans un coin, ou en infrarouge suivant une petite fille rebelle dissimulant des pommes pour les prisonnier.es


Comment ne pas se sentir souillée ? La boule au ventre, je confie ma culpabilité à mon amie, et elle m’avoue être dans le même cas. Nous discutons alors de la perversion des êtres humains, avides d’images horrifiques, jusqu'à ce que, les larmes aux yeux, nous nous séparions devant la bouche de métro. 


Adossée au strapontin, je ressasse l’ultime pied de nez, lors de la scène finale du nettoyage du camp de nos jours : les habits entassés derrière les vitrines semblaient nous murmurer “vous ne saurez jamais rien”.

1 Comment


Jasmine
Jasmine
Apr 09, 2024

Une critique poétique sur un film traitant de l'une des plus abominables périodes de l'Histoire... Un contraste poignant qui résulte en un écrit très beau

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