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La grande Vadrouille (1966) : quand la terreur devient hilarante.

Dernière mise à jour : 30 juin

Après Le Corniaud en 1965, qui fut un énorme succès pour le cinéaste français Gérard Oury, celui-ci réalise La grande Vadrouille en 1966, où on y retrouve le même duo comique Bourvil / De Funès. Le film se passe en 1942 durant l’occupation de la France par les Nazis, et raconte le périple de deux civils français, un chef d'orchestre, Stanislas (Louis de Funès) et un peintre en bâtiment, Augustin (Bourvil) qui acceptent de conduire trois pilotes britanniques en zone libre en partant de Paris, devenant malgré eux, acteurs de la Résistance.


Louis de Funès et Bourvil dans La Grande Vadrouille

Il y a des films qui sentent bon les vacances. Des films qui rappellent les souvenirs des vendredi soirs en famille entassée sur un canapé trop étroit, à rire parfois à des moments décalés. Il y a aussi des répliques dont on se souvient toute sa vie. Puis il y a les lendemains où on répète ces répliques des dizaines de fois autour du petit-déjeuner, pris soudain d’une folle envie de tout plaquer et s’enfuir à l’autre bout de la France, comme Stanislas, Augustin et Juliette, et traverser les routes de campagne et dormir illégalement dans des couvents, travestir un homme pour en attraper d’autres et subtiliser leurs vêtements… fuir un régime qui nous opprime et faire sa propre révolution, à son échelle, comme on peut, c’est ça l’effet La Grande Vadrouille.


Un film post Seconde Guerre Mondiale :


Au crépuscule de la seconde guerre-mondiale, où les pires atrocités ont été commises, le cinéma français, encore fragilisé, voit fleurir une sortie de films de guerre en tout genre : des films tragiques comme Hiroshima mon amour, ou encore Nuit et brouillard d’Alain Resnais (1959), mais aussi une multitude de comédies comme La traversée de Paris de Claude Autant-Lara (1956), La grande vadrouille de Gérard Oury (1966), Mais où est donc passé la 7e compagnie… de Robert Lamoureux (1973). Ces films font généralement la satire du mal (ici le régime Nazis), en le tournant au ridicule. Cela a pour effet de rassurer la population française encore traumatisée, et permet d’exorciser la terreur via la catharsis du rire.


Le bon petit français en héros :


On constate un schéma récurrent dans cette production massive de films de guerre : le bon petit français, banal Monsieur tout le monde, qui se retrouve propulsé par on ne sait quel hasard dans une affaire de Résistance face aux grands méchants Nazis. Ici, Stanislas, chef d’orchestre, rencontre Mc Intosh (Mike Marshall) un pilote anglais tombé dans sa loge d’opéra, le suppliant de se rendre aux bains turques afin de retrouver son commandant. C’est là que Stanislas rencontre Augustin, peintre en bâtiment, pour qui le pilote anglais Peter Cunningham (Claudio Brook), s'emmêle dans la façade qu’il repeint et qui lui demande d’aller également aux bains turques.


Les personnages féminins - dont l’importance est cruciale dans l’histoire du film - prouvent encore que tout le monde peut être un héros ou une héroïne, tout le monde peut résister. Elles symbolisent quelque part une certaine émancipation féminine et cassent les codes des rôles qui leur sont attribués - ce qui est pas en avant pour l’époque (bien qu’elles restent quand même dans le cliché, et réduites en objet d’attirance pour ces chers hommes). Le personnage de sœur Marie-Odile (Andréa Parisy), accepte de mener notre jolie troupe à bord de son camion rempli de citrouille, ou le personnage de Juliette (Marie Dubois), fille d’un Guignol de Paris, qui prend les devants et organise avec son père, la fuite des anglais en zone libre.


La ridiculisation du mal :


Ces films ont vocation de catharsis sociale. Le rire arrive pour guérir la population d’un traumatisme qui hante encore les esprits des françaises et des français, en plein contexte de Guerre Froide entre les Etats-Unis et l’URSS.


Les Nazis sont montrés comme ridicules, aveugles et patauds face aux stratagèmes qui se déroulent sous leurs nez. Comme le montre le personnage d’officier allemand joué par Benno Sterzenbach : le Major Achbach, par exemple dans cette scène iconique des ronflements avec Louis de Funès dans la chambre à coucher de l’hôtel. Les Nazis apparaissent presque inoffensifs dans leur maladresse et leur incompétence. Ils sont également montrés comme abusant des plaisirs de la vie, tels que la nourriture en abondance, l’alcool (montré dans la fameuse scène des tonneaux de vins au milieu du film), la fête (avec la danse des chaises)...


Ce qu’on peut en tirer, pourquoi regarder ce film maintenant ?


A travers la caméra de Gérard Oury, on découvre un paysage français somptueux, de Paris en passant par la Bourgogne, pour finir au-dessus de la Lozère. On parcourt la France sous l'occupation et le régime de Vichy et on rencontre ses habitants, les gens de tous les jours, on apprend leur routine simple, loin des atrocités commises par leurs voisins.


Dans ce genre de film, on sort du réalisme de la période de la seconde guerre mondiale pour arriver à une sorte d’idéalisme et presque d’utopie de la Résistance et de la France Libre. On se retrouve dans un pays entièrement engagé, où les habitan.es militent activement et résistent face à l’envahisseur, ce qui n’était pas le cas en 1942, où le pays était fortement divisé idéologiquement.

Après tout, est-ce que ce n’est pas ce dont nous avons besoin aujourd'hui ? De savoir que tout le monde peut résister, et que l’union fait notre force. Comme dit précédemment : tout le monde peut être un.e héro.ïne, et (sans tomber dans le cliché des phrases rassurantes en tant de crise), même dans les temps les plus sombres, il reste toujours, quelque part, une petite lueur d’espoir.


Pour terminer et juste pour le plaisir, quelques citations iconiques :


- Y’à pas d’hélices hélas…

C’est là qu’est l’os !


- If I go to the Turkish bath, I risk, I risk énormément !


- En tout cas, ils peuvent me tuer, je ne parlerai pas.

Mais moi non plus ! Ils peuvent vous tuer, je ne parlerai pas !

Ah, je savais qu’on pouvait compter sur vous.


-Oh merde alors comment on dit !

Mais comment ça « merde alors » !

But alors you are French !


- Vous chaussez du combien ?

C’est du comme vous.

Ah bon ? Ça tombe bien

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