John Wick : le cliché adoré

TW : spoilers, violence animale

Pourquoi est que “cliché” est un terme péjoratif? Parce qu’un cliché est surfait, et en essayant de toujours faire la même chose mais mieux et de manière inattendue, les bon côtés du clichés tombent à plat. Mais rien n’est plus satisfaisant qu’un cliché bien fait. Un casse? Ocean’s Eleven. Une comédie romantique? Love Actually. Un film d’action? John Wick.

Keanu Reeves dans John Wick 2

Personnage

John Wick. Un nom qui inspire la terreur avant même qu’un spectateur novice sache pourquoi. Son introduction dans le premier film est faite avec brio, c’est un personnage au passé mystérieux – pour des prequels possibles et des méchants qui le hante – inconnu de la nouvelle génération car il est « en retraite » mais qui est synonyme de mort pour ceux assez aguerris dans ce monde d’assassins et criminels. John Wick est celui qui fait peur aux méchants, il ne cherche ni gloire, ni justice, mais vengeance et sa voiture.

Lore

La construction du monde est excellente. Avoir un protagoniste qui connait déjà tout colle parfaitement à un film de ce genre, surtout avec ce monde secret d’assassins, c’est un club d’élite dans lequel le spectateur à le privilège d’entrer par ce personnage qui le navigue à la perfection. Ça nous fait admirer plus le personnage, ça nous fait envie de connaître le monde et d’en voir plus, c’est rend le film excitant même dans les moments sans action parce qu’on a l’impression de découvrir un secret et de voir quelque chose qui nous est normalement interdit, c’est parfait. Pour un film de SFF (Science-Fiction et Fantasy) ou de YA (Young Adult), une grande partie de l’histoire consiste à voir le personnage découvrir le monde, ou la vérité sur le monde, s’adapter et évoluer en grandissant dans cette nouvelle réalité qu’il connaît pour devenir compétent et assez puissant pour affronter le Gros Méchant à la fin. Pour John Wick c’est tout l’inverse. Il a toutes les capacités et connaissances d’un héros qui a fini sa quête au début du film, il peut affronter le Méchant avec efficacité dès le début et c’est aux méchants de lui coller des obstacles pour retarder cette confrontation.

Intrigue

C'est. Un. Film. D'action. On peut avoir des intrigues secondaires qui parlent d'amour, de morale, etc mais si on enlève toutes les fioritures, ce qu'on vient voir c'est des explosions, des voitures et des combats qui impressionnent avec une bande son qui déchire. Et c'est exactement ce que nous livre la franchise de John Wick.

Comme dans toutes les séries, les films ne font que s’amplifier et se surenchérir eux-mêmes. Regardez les films Marvel, les héros deviennent de plus en plus puissants et les menaces aussi, d’abord ils doivent sauver une ville, puis la Terre, puis l’Univers, puis le Multivers, puis le Temps. Au fur et à mesure, à force de tout augmenter tout le temps, d’avoir plus de pouvoirs, plus de tech et d’objets puissants, tout cela tend vers le ridicule. John Wick à commencer avec un personnage déjà au summum de sa puissance, avec quatre films qui doivent livrer toujours plus, comment éviter ce ridicule ? En plongeant dedans dès le début. Tout le ton du film nous invite à suspendre notre incrédulité et admettre que les prétextes du film ne sont pas importants (pour nous, pour les personnages ils le sont vraiment). Wick parle très peu, avec une voix grave et monotone, parfois monosyllabique, comme si toutes ses paroles était des répliques, des « one liners », il parle presque comme une parodie de héros avec un passé tourmenté. Une des anecdotes les plus terrifiantes sur John Wick est « qu'il a déjà tué trois hommes dans un bar avec un simple crayon », anecdote qui est répétée tellement de fois dans le premier film que cela devient ridicule. Mais ils nous le montrent dans le second. Une des premières scènes est John Wick en train de se défendre en tuant des gens avec un crayon à papier ! et c’est excellent, c'est ce qu'on vient voir.

Les scènes de combat sont vraiment tendus et chorégraphiées pour être jouissifs à voir et avoir envie de crier pour soutenir Wick comme son équipe à un match de foot. Tout est fait dans le cliché, dans le gros et le grand. La compassion que le spectateur à pour le protagoniste est construite de la manière la plus évidente possible, il a perdue sa femme et il a un chien adorable. Et ça marche, c’est un film d’action, on a envie d’être de son côté peu un porte le prétexte. Gros spoiler, toute la série est déclenchée car on a tué le chien de John Wick. D’innombrables morts, explosions, dégâts, vols etc pour venger un chien. Avec un peu de recul c’est ridicule mais on est déjà attaché à Wick donc peu un porte les conséquences, on comprend ses motivations, on y adhère une seconde et hop, c’est parti, le film construit si bien sa suspension d’incrédulité qu’on y adhère totalement le temps du visionnage.

John Wick est un stéréotype, et est parfait. C’est LE film d’action, comme Die Hard, comme Mission Impossible, un excellent film avec des suites à la hauteur. Tout ceci car le film sait ce qu’il est, il fait une chose et le fait bien. Un but simple, pas d’explications grandiloquentes du monde,  juste un protagoniste ultra compétant, naviguant tout avec expertise qui nous conduit au cœur du film : l’action et des scènes de combat prodigieuses en termes de rythme, nouveauté et ridicule dans son genre. C'est un film qui fait des promesses et s'y tient, un film qui fait plaisir à voir si on se laisse porter par l'ambiance, un feel-fun movie.