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Photo du rédacteurSara

Il reste encore demain: espoir d’un avenir féminin

Dernière mise à jour : 3 mai

Une gifle en plein visage en guise de réveil.


Voilà une scène liminaire bien loin de l’ordinaire, confrontant, sans le moindre avertissement, son spectateur dans cette dure réalité.


Repas de "famille" avec tous les acteurs principaux, dont Paola Cortellesi (Delia) au premier plan

Une mère de trois enfants, une femme battue, une travailleuse acharnée, toutes ces casquettes la caractérise, cette unique et même personne: Delia, interprétée par l'excellente, Paola Cortellesi, protagoniste à la fois à l'écran et à la réalisation.

Pendant près de 2h, le spectateur est alors plongé dans son quotidien, celui d'une femme forte mais profondément invisible, vivant dans une société italienne fragilisée par la Deuxième Guerre mondiale.



Particularité filmique

Des photographies que l'on aurait mit en mouvement.


Le film est entièrement en noir et blanc, et cela n'est aucunement dérageant. Au contraire, cette particularité apporte du caractère à l'oeuvre. En effet, ce choix esthétique oblige notre regard à se porter plus loin, loin de l'attraction habituelle des couleurs. Le B&W peut, certes, accentuer une réticence chez le grand public, pourtant, rien de mieux pour nourrir notre imagination.

Outre ce choix d'absence de couleur, un autre élément est remarquable, la bande originale. Celle-ci étant gorgée d'anachronisme, puisqu'elle navigue entre variétés italiennes des années 50 et flow démesuré de rappeurs américains. Les paroles sont comme imaginées spécialement pour ce film, à l'instar de la chanson de clôture "A bocca chiusa" par Daniele Silvestri, clôturant avec brio ce chef d'oeuvre.



La "normalité"


"Pourquoi est ce qu'il gagne déjà plus que moi, alors que je travaille ici depuis 3 ans ?

Parce que c'est un homme Delia "


Une normalité de l'inégalité plus que révoltante, rythmant le film dans sa globalité. Les citations dans ce genre sont loins d'être difficles à trouver, elles sont le quotidien de cette mère dévouée.


"Tu dois la battre, mais pas tous les jours, pour que lorsque tu le fais, ça l'a marque "


Un conseil avisé, donnait par un vieillard géniteur du mal incarné.

Battre sa femme est monnaie courante en 1940, pourtant peu de personnes s'offusquent face à cette réalité. Les femmes sont comme muselées, elles ne peuvent s'exprimer, le silence étant leur seule échappatoire, l'homme ne tolérant rien d'autre.

La garantie est certaine: l'envie de crever l'écran ne vous manquera pas (excepté les sans coeurs).



L'humour comme bouclier



Manier le registre humoristique dans un film au sujet si délicat et important, relève du génie. Paola Cortellesi (actrice principale et réalisatrice) y parvient, et avec justesse. Le rire est parfois gêné, souvent empêché, car rire alors que la seconde d'avant c'était la révolte qui nous animait, semble quelque peu absurde. Des scènes romantiques flirtant volontairement avec le ridicule, sont comme bouclier face à cette dure réalité.

Pleurer devant des sourires en chocolat, le cinéma cessera-t-il un jour de me surprendre ?




______


Cette gifle dépourvue de tout avertissement en guise d'ouverture à ce récit révoltant, Delia n'est pas la seule à la subir.


Chaque spectateur se la prend.


L'intensité varie certes, la volonté quant à elle, demeure.



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