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Grease is the word

Qui n’a jamais chanté à tue-tête les paroles de “You’re the one that I want” ?

Sorti il y a presque 50 (soit un demi-siècle !) Grease est une comédie musicale intemporelle réalisée par Randal Kleiser. Adaptation d’une comédie musicale de 1972, le film culte rend hommage à la jeunesse (blanche et moyenne) des années 50. Tout en jouant sur la nostalgie, Grease remet en question certaines moralités de l’époque (mais pas toutes).


L’esthétique réussie des années 50 de Grease est certainement le premier souvenir que l’on garde de ce film. Les couleurs pastels et la bande son parfaite en font un long-métrage de qualité. Les costumes sont très importants et reflètent chaque personnage. Tandis que Rizzo (jouée par Stockard Channing) adopte une coupe courte, comme celles des femmes modernes de l’époque, Sandy (interprétée par Olivia Newton-John), quant à elle, opte pour une longue queue de cheval lisse, classique des petites filles. Lors de son fameux relooking à la fin du film, sa garde robe devient celle d’une femme plus mature, qui prend confiance en elle et ne se laisse plus marcher sur les pieds. Elle devient une véritable Pink Lady. Quant aux hommes, place aux bikers et cheveux bien graissés et peignés. Si leurs tenues peuvent faire penser à des bad boys dangereux, les garçons sont plutôt des adolescents stupides en pleine montée de libido. 

De plus, la parodie d’Elvis Presley est explicite. En plus d’adopter un look très similaire, Danny (joué par John Travolta) chante et danse aussi de façon similaire, ce qui rend le personnage d’autant plus comique. C’est par ailleurs l’heure de gloire de John Travolta, “Saturday Night Fever” étant sorti l’année précédente. 

Si l’équipe HMC nous rend presque nostalgique de cette époque, gardons en tête cet esprit de rébellion sans en oublier les discriminations raciales des Etats-Unis des années 50. 


Malgré quelques blagues datées, le film reste tout de même en avance sur son époque. Il évoque un sujet toujours d’actualité : une jeunesse qui se rebelle contre les mœurs de son époque. Souvent fantasmée, rarement fidèle, la jeunesse de Grease est surtout satirique. Tout est performance de genre et ridicule. Le film n’est pas à prendre au sérieux mais bien au second degré. Si beaucoup de gens crient au machisme des garçons, c’est pourtant ce qui est montré dans le film. Aucun des “T-birds”, le groupe des bad boys, n’est montré comme viril ou séduisant mais plutôt comme des loosers ringards.

Ce qui est souvent retenu comme critique négative actuelle du film est le fait que Sandy change totalement à la fin du film pour plaire à Danny. N’est-ce pourtant pas ce dernier qui change d’attitude au fur et à mesure du film pour plaire à Sandy ? Finalement, c’est une histoire d’amour où les deux amants doivent apprendre à se trouver eux-mêmes avant de pouvoir se retrouver. 

Un des moments mis de côté (et qui est pourtant très important) est l’intrigue de Rizzo. Elle (croit) tombe(r) enceinte suite à un rapport non protégé et subit du “slut-shaming” [1] de la part des autres lycéens. Dans un film si vieux, nous pourrions penser que le personnage serait montré comme immoral et sa grossesse comme une honte. Cependant, le film montre le point de vue de Rizzo à travers la chanson “There are worse things I could do”. L’adolescente doit endurer les regards dédaigneux de ses camarades. En plus d’être très belle, la chanson est puissante et ses paroles résonnent encore aujourd’hui : “I don't steal and I don't lie / But I can feel and I can cry”. Dans les années 50, comme dans les années 70 ou encore aujourd’hui, le slut-shaming évolue mais garde le même but : rabaisser les femmes. 



Grease est un film moderne, qui traite de la jeunesse blanche de la classe moyenne des années 50. Il n’a pas la prétention de rendre compte à la perfection de la vie des adolescents mais plutôt de faire passer un bon moment aux spectateurs devant une comédie musicale entraînante. Et son pari est réussi. 




[1] "Néologisme composé des mots anglais slut (salope) et shame (honte) désigne le fait de critiquer, stigmatiser, culpabiliser ou encore déconsidérer toute femme dont l’attitude, le comportement ou l’aspect physique sont jugés provocants, trop sexuels ou immoraux. Les attaques peuvent être physiques ou morales et elles entretiennent l’idée que le sexe est dégradant pour les femmes."

Source: Conseil du Statut de la Femme, Québec


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