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Ghostlight, is this play about us ?

Réalisé par le couple Kelly O'Sullivan et Alex Thompson, Ghostlight (2025) raconte la vie de  Dan (Keith Kupferer), un ouvrier de la voirie à Chicago, récemment frappé par un traumatisme familial. Secrètement et par hasard, il intègre une troupe de théâtre amateur qui met en scène Roméo et Juliette. Peu à peu, la tragédie qui se monte sur scène commence à lui renvoyer le reflet de sa propre vie.

Dolly De Leon et Keith Kupferer dans Gosthlight (2025)
Dolly De Leon et Keith Kupferer dans Gosthlight (2025)

La famille avant tout


Ghostlight, c’est l’histoire d’une famille cabossée dont les trois membres (le père, la mère et la fille) semblent piégés dans une impasse. Même si l’intrigue se focalise principalement sur le père, Dan (Keith Kupferer), elle n’en néglige aucunement sa fille Daisy (Katherine Kupferer), qui fait face à des problèmes de discipline au lycée. On peut cependant reprocher de rester en surface sur le personnage de la mère, Sharon (Tara Mallen), qui semble effacée derrière le caractère intempestif des autres. Le film souligne la complexité des liens intergénérationnels au-delà des conflits. Comment garder une famille unie lorsqu'un drame vient la déchirer. Que faire lorsque notre foyer nous rappelle ce que l’on a perdu ? 

Sans s’attarder sur le pathos, le film prend le temps de parcourir le quotidien de ses personnages afin de les rendre vrais et palpables pour les spectateur.ices. Par exemple, on s’attarde à regarder Daisy et Dan jouer au base-ball ou rouler en voiture. 


Une ode au théâtre


En découvrant peu à peu la pièce Roméo et Juliette, il comprend qu’il n’a pas d’autre choix que de crever l'abcès. Mais comment faire ? C’est donc à travers le personnage de Roméo, pleurant sa défunte fiancée, que Dan accepte peu à peu son deuil. Être quelqu'un d’autre ne serait-ce qu’un instant lui procure une sensation de liberté, qui nous touche en plein cœur. 


Le film nous rappelle l’essence la plus pure du théâtre : un espace, et des acteur.ices. Sans artifices, effets spéciaux ou machinerie des enfers, on peut faire théâtre de tout. Dans la petite troupe de théâtre bancale, sans professeur.e, qui répète dans un hangar miteux à l’air d’un regroupement des alcooliques anonymes, on se sent bien. Le casting de la pièce rassemble les aînés, les comédiens au chômage ou à la retraite, tout ceux qui ont été et veulent encore faire, même avec le peu qu’on leur donne. La maladresse dans leur jeu et la difficulté des interactions se voit donc compensée par l’envie commune de mettre en voix un texte que tous savent plus grand qu’eux. Kelly O'Sullivan et Alex Thompson filment avec une grande délicatesse la manière dont tout ce qui entoure la scène construit la complicité et la solidarité. L’émotion surgit donc moins de la réussite ou non de la représentation théâtrale, mais de la façon dont les liens entre les individus parviennent à trouver de nouveaux élans. Une façon de conjuguer la solitude et le silence, à travers des exercices typiques du théâtre, son corps et sa voix par les gestes, et le jeu. Il ne s'agit pas de romantiser sa vie par le théâtre, mais d’y voir un prolongement salvateur. 


La vieillesse est un sujet rarement évoqué au cinéma, mais Ghostlight le traite avec délicatesse et respect. Dan ne fait que répéter qu’il est “old school”, que son temps à lui est passé et que l’avenir appartient à la génération d’après. En d’autre termes, il croit que sa chance est passée et que le monde va plus vite que lui. Le personnage de Rita (Dolly de León), une ancienne actrice de Broadway qui interprète le rôle de Juliette, rencontre le même schéma de pensée. On ne fait que leur répéter qu’iels sont trop vieux / vieilles pour jouer les deux amants maudits. 


Par delà ses airs de simple comédie de banlieue, Ghostlight se révèle rempli de messages sous-jacents en étant avant tout, une fenêtre sur la vie d’une famille à l’apparence banale, l’espace de quelques semaines. En épluchant les couches derrière les apparences, Kelly O'Sullivan et Alex Thompson ouvrent des questionnements plus vastes, notamment sur le système éducatif américain, sur l’intimité au théâtre, ou encore sur la thérapie par l’art.


Ghostlight de Kelly O'Sullivan et Alex Thompson, en salle depuis le 30 avril 2025.

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