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Rohmer, c’est la fin de l'été, là c’est sûr.

  • Photo du rédacteur: Marine
    Marine
  • 30 sept. 2024
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 nov. 2024

L’été touche à sa fin, la rentrée des classes vient nous cueillir petit à petit, les rayons des magasins sont dépouillés de leur cartables et de leur trousses, et bientôt, l’air se remplira d’un parfum frais de pluie et d’herbe humide. 


Alors ne serait-ce pas un moment idéal pour revisionner Conte d’été d’Eric Rohmer, le film qui à mon goût, se rapproche le plus des vacances d’été (mon préféré de la filmographie de Rohmer mais aussi l’un de mes films doudous).


https://www.cinematheque.fr/film/59940.html
Amanda Langlet dans Conte d'été d'Eric Rohmer (1966)

Comme Jean-Luc Godard, Agnès Varda, François Truffaut, Claude Chabrol et Jacques Rivette, Eric Rohmer est considéré comme l'une des figures majeures de la Nouvelle Vague, un mouvement du cinéma français qui naît dans la fin des années 1950. 

une grande partie de son œuvre est organisée en trois cycles : les Contes moraux avec Ma Nuit chez Maud (1969), les Comédies et proverbes avec Le Rayon vert (1986), et les Contes des quatre saisons avec, bien sur, Conte d’été (1996). 


Le film Conte d’été s’inscrit dans la série des films de vacances (tout comme le Rayon Vert ou Pauline à la plage...) et le cinéaste y poursuit son exploration des jeux et des hasards amoureux. 


Pendant ses vacances d'été à Dinard, Gaspard (Melvil Poupaud), apprenti guitariste et étudiant en mathématiques, attend Léna (Aurélia Nolin) dont il se dit amoureux. Mais il rencontre Margot (Amanda Langlet), qui devient son amie et confidente, et la belle Solène (Gwenaëlle Simon) dans une discothèque.


Tiré de souvenirs personnels du cinéaste consignés dans ses cahiers cinquante ans plus tôt, le film prend le temps de s’immiscer dans les discussions banales du quotidien et de suivre la vie simple des personnages. De longs plans fixes, un aspect presque documentaire, la caméra prend une position d'observatrice, d’un microscope des relations humaines. 


Comme dans la plupart de ses films, le réalisateur nous présente des personnages tous.tes plus indécis les un.es que les autres, si bien qu’iels en deviennent insupportables. 

Le film dépeint une certaine vision de la solitude, et l’intrigue s’apparente à une crise existentielle permanente du personnage principal, interprété avec brio par Melvil Poupaud, encore débutant dans l’art de la comédie.


En effet, Eric Rohmer aime travailler avec des acteur.ices encore peu connu.es du grand public, qui ont une façon de parler encore assez mécanique et détachée. Cette pratique propre au réalisateur – le style rohmerien – rend les dialogues et les expressions presque théâtrales et déclamées, et paradoxalement, cela installe une proximité avec les spectateur.ices.


A un moment, Margot part interviewer un ancien marin qui lui raconte ses expériences en mer, et chante même une chanson de corsaire. On pourrait penser que cette séquence est purement documentaire, que Rohmer est lui-même allé interviewer ce vieux loup de mer afin d’ajouter une nouvelle dimension à son film.  


La musique a une importance cruciale dans le film et fait partie intégrante de l’histoire. La bande originale du film, Fille de corsaire, une chanson composée par Gaspard, sera ensuite reprise par la société de production des Films du Losange (j’ai des frissons à chaque fois que je l’entend).


Au fur et à mesure que l’histoire avance, Gaspard s'embourbe dans ses promesses faites aux trois filles et choisit de ne pas choisir entre les trois. Mais au lieu de faire face à la situation, il reçoit un appel inespéré qui l’oblige à partir dès le lendemain. Gaspard embarque alors pour La Rochelle, loin des problèmes qu’il a causés, comme si toute cette histoire n’avait jamais existé. 


Léna, Margaux et Solène sont rangées dans la mémoire des vacances et n’ont plus que la lâcheté de Gaspard comme souvenirs de lui. Rohmer dira : « J'avais envie de montrer des vacances qui n'aboutissent à rien. Des vacances qui sont une lacune, un moment de non-être. »

Il nous laisse alors seul.es sur la rive tandis que Gaspard part loin de Margot, accompagné par la balade de Hugues Aufray : 


“Je pars pour de longs mois en laissant Margot

Hissez haut, Santiano

D'y penser, j'avais le cœur gros

En doublant les feux de Saint-Malo”

 
 
 

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