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Carrie au bal du diable, Brian de Palma (1976) : all the good girls go to hell.

Dernière mise à jour : 29 mars

Carrie au bal du diable, sorti en 1976, s’inscrit dans la continuité de l'œuvre du cinéaste américain Brian de Palma. Adapté du roman du même nom de Stephen King, il met en scène le personnage de la jeune lycéenne Carrie White (Sissy Spacek), qui essuie les moqueries incessantes de la part de ses camarades de classe, et les fureurs de sa mère (Piper Laurie) tourmentée, obsédée par la religion. Carrie fait l'expérience de l’arrivée de pouvoirs surnaturels, qu’elle n’hésite pas à utiliser afin de se venger de celles et ceux qui lui ont causé du tort. 


Sissy Spacek dans Carrie au bal du diable (1976)..

Le film aborde de nombreuses thématiques qui se reflètent dans notre société actuelle, comme le harcèlement scolaire, le passage de l’adolescence à l’âge adulte, les relations mère / fille, etc. 

Bien que catégorisé horreur et drame, le film se situe à la frontière de plusieurs genres, tels que le mélodrame fantastique, le gore ou encore la comédie. 


Une adaptation du roman de Stephen King : 

De Palma fait le choix de rester fidèle à l’histoire et à la trame originale de Stephen King, tout en se réappropriant totalement l’esthétique, débouchant ainsi sur une des plus belles variations cinématographiques autour de l'univers tortueux du romancier.


En effet, on reconnaît les éléments classiques du cinéma de De Palma, comme l’usage de split-screen, l’importance donnée à la musique et au son, aux couleurs vives et aux décor très kitsch qui paraît presque fabriqué. Nous retrouvons aussi des acteur.ices fétiches du réalisateur, comme John Travolta, qui jouera dans Blow out (1981), ou Nancy Allen, dans Pulsions (1980). 

Le réalisateur n'hésite pas à exagérer l'horreur et le gore dans la mise en scène, avec plein de sang, des pouvoirs surnaturels, une mère terrifiante qui se retrouve crucifiée par sa propre fille, la main ensanglantée de Carrie qui ressort de la terre....


L'actrice Sissy Spacek livre une performance à la fois brillante et terrifiante, la profondeur de son jeu laisse le.a spectateur.ice hanté.e par ses yeux exorbités et son air de pauvre créature. 


Les “mauvaises” filles ? : 

Nous pouvons créer un parallèle avec le film Tiger Stripes, réalisé par Amanda Nell Eu (2024). En effet, ce long-métrage met en scène une jeune fille dans un petit village malaisien, qui a ses règles pour la première fois. Elle se fait harceler et traiter de “dégoûtante” par les autres filles de son école, et développe des pouvoirs surnaturels – ici, elle se transforme en tigre – et se venge de ses bourreaux.  


Ce schéma de la puberté qui engendre des pouvoirs surnaturels, incontrôlables et généralement perçus comme dangereux découle de la crainte de l’émancipation des jeunes filles. Lorsque les filles ont leurs règles, elles deviennent “prêtes à procréer”, et cela diabolisent leur corps. Au moyen-âge par exemple, la procréation et les menstruations étaient perçues comme un phénomène relevant de la divination et du sacré, donc incontrôlable pour les hommes. Ces femmes étaient généralement traitées de sorcières. 


Dans Carrie, l’adolescente acquiert ses pouvoirs magiques après avoir eu ses premières règles, lors de la scène d’ouverture – la scène de la douche dans les vestiaires de sport – et ses camarades se moquent d’elle. 

La mère de Carrie diabolise et brutalise sa fille lorsqu’elle apprend l'évènement, cela témoigne de la crainte de l'émancipation de sa fille, et de son passage de l’enfance à l’âge dit “mûr”.


Qui est le vrai monstre ? : 

Dans Carrie, De Palma et King semblent nous dire que ce qu'il y a à craindre n'est pas l'aspect surnaturel mais bien l'être humain, avec des antagonistes plus effroyables les un.es que les autres, une mère complètement obsédée, ou encore la populaire et sublime Chris Hargens (Nancy Allen), qui renverse un seau rempli de sang de porc sur la pauvre Carrie alors que celle-ci est nommée reine du bal. 


Le.a spectateur.ice devient incapable d'éprouver la moindre pitié pour les camarades de Carrie lorsque celle-ci les massacre, on ressent presque de la satisfaction, et le diable sur notre épaule nous murmure “bien fait pour eux !”. 


En conclusion, ce film s’inscrit dans le genre du film d’horreur, avec une bonne dose de sang et de frissons garantis, tout en gardant une touche kitsch en nous replongeant dans l’univers coloré et presque réconfortant du lycée et des histoires d’adolescents. 

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