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Boléro: Sensualité & Confusion

Boléro est un biopic réalisé par Anne Fontaine sur le célèbre compositeur Maurice Ravel. Synonyme de toute une révolution musicale, Maurice Ravel est un personnage intéressant à étudier mais est-ce suffisant pour réaliser un bon film ?



Hypersensibilités

Ce qui ressort le plus de ce biopic, c’est la présence continuelle des 5 sens. Bien évidemment l’ouïe, avec un mixage audio assez travaillé. Des éléments auditifs sont mis de côté pour en amplifier d’autres. Ainsi, le spectateur arrive à s’identifier, en partie, au compositeur. Lors d’une des premières scènes, Maurice Ravel (interprété par Raphaël Personnaz) se rend dans une usine, accompagné d’Ida Rubinstein (jouée par Jeanne Balibar). Le son y est très désagréable à l’oreille. Tandis que lors de la visite de Maurice dans une maison close, la prostituée faisant glisser sur sa peau de longs gants en satin, le son ressemble presque à une mélodie. 

En ce qui concerne la vue, les images sont révélatrices d’une perfection assumée. Le décor, les costumes et les couleurs sont une mise en abîme de la personnalité de Maurice Ravel: une personne réservée, perfectionniste et prétentieuse. La colorimétrie bleue vient par ailleurs refléter les yeux bleus de Raphaël Personnaz, ce qui rend son regard presque envoûtant. Si les yeux sont le reflet de l’âme, alors on peut y percevoir celle d’un artiste perfectionniste dans les yeux de Raphaël Personnaz. 

Les autres sens sont bien plus compliqués à faire ressentir dans un film. Alors, Boléro opte pour une représentation classique du toucher: des gros plans sur les mains de Maurice Ravel, enlacées dans celles de son amante, Misia Sert (incarnée par Doria Tillier). Bien que le choix soit assez classique, il fonctionne. En ce qui concerne le goût et l’odorat, ils sont laissés de côté. 


Une longueur considérable

Si à première vue le film est très sensuel, il n’est pas pour autant consensuel. Le montage se veut décousu. Le spectateur est mené d’un bout à l’autre dans la vie de Maurice Ravel, sans réel but. Peut-être était-ce pour refléter la perte de mémoire du compositeur mais si c’est le cas, cette idée fut très maladroitement exécutée. Les images sont d’une beauté plastique magnifique mais le scénario tire en longueur. Il est difficile de critiquer l’intrigue d’un biopic, puisque celle-ci n’est pas fictive. Mais il est évident qu’il aurait fallu enlever une demi-heure. En effet, la fin casse l’identification du spectateur à Maurice Ravel tant elle était longue. 


Des choix artistiques questionnables

Alors que le film vient de débuter, le spectateur est immédiatement sorti du film. En effet, le réalisateur a fait le choix de faire du générique un montage de plusieurs adaptations du Boléro de Ravel, sur fond d’effets spéciaux kitsch, dignes d’un collégien. On y retrouve même les petites étoiles qui dévoilent le nom de la réalisatrice, exactement comme les effets de titre proposés par iMovie. La fin du film propose des choix artistiques tout aussi douteux. Lorsque Maurice Ravel subit son opération et est en train de mourir, il voit les visages de ceux qui ont fait partie de sa vie. Les acteur.ices font un regard caméra via un gros plan en noir & blanc. Cette mise en scène est si classique qu’Anne Fontaine aurait pu faire preuve de plus d’imagination quant à la mort d’un si grand artiste. Dans la scène qui suit, Maurice Ravel dirige un orchestre. Avec comme décor un fond blanc uni, à nouveau on devine facilement que cette scène se passe dans l’au-delà. Avec une mort si longue, le spectateur n’a qu'une envie : le rejoindre.  



Enfin, le film présente une sensualité très belle et digne du génie de Ravel. Malheureusement, la beauté plastique de Boléro n’est qu’un cache misère pour combler le vide scénaristique. Si le film n’est pas mémorable, le Boléro, lui, reste toujours entêtant.


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