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Photo du rédacteurJasmine

Beetlejuice : art plastique et brouillon scénaristique

Day-Oh!

Voilà le tant attendu retour de Tim Burton sur le grand écran. Après quelques échecs notoires, il décide alors de prendre moins de risques en faisant réapparaître le célèbre démon pervers : Beetlejuice. Si le premier film sorti en 1988 fut un succès commercial, qu’en est-il du second volet ? 


La famille Deetz se voit obligée de déménager leur maison hantée suite au décès du grand-père (Charles). Ce changement soudain vient ressasser des mauvais souvenirs pour Lydia, toujours hantée par Beetlejuice. Suite à l’orgueil d’un fiancé stupide, un portail vers le monde des morts s’ouvre et alors les deux mondes s'entremêlent. 



Une esthétique plastique Burtonesque 

Ce nouveau film de Tim Burton est le parfait mis-en-bouche pour Halloween : l’horreur plastique est à son apogée. Contrairement à la plupart des nouveaux films en salle, Tim Burton opte pour un long-métrage aux effets spéciaux “faits mains” et limitant au maximum les effets spéciaux VFX. Si c’est probablement en grande partie une stratégie marketing, les effets artisanaux sont plus surprenants les uns que les autres donnant au film un charme très kitsch. C’est le cas des vers de sable : ils sont faux, ils ne sont pas crédibles mais Tim Burton ne cherche pas à faire un film visuellement réaliste mais visuellement esthétique. 

Le monde des morts semble tout droit sorti d’un film allemand des années 1920-1930. Les couloirs biscornus qui mènent vers le monde des morts rappellent les longs chemins qu’emprunte Cesare, prêt à tuer sa nouvelle victime. Les lumières bleues et vertes sont comme ces films dont certaines scènes furent teintées sur la pellicule, afin d’amplifier la peur du spectateur. Les visages défigurés de Beetlejuice sont comme ces nombreux visages des films muets, dont le maquillage est grossier et le jeu d’acteur est surjoué afin de pallier à l’absence de dialogue (sonore) et de porter les émotions à travers l’écran. 



Un monde loufoque (personnages excellents et… inutiles)

Si l’esthétique du monde est réussie, il en va de même pour la construction de celui-ci. Le monde des morts est complètement loufoque mais cohérent. Les personnages qui le peuplent sont tout autant bien écrits. Les nouveaux arrivants deviennent très rapidement attachants. C’est notamment le cas d’Astrid, interprétée par Jenna Ortega (alias la nouvelle favorite de Tim Burton). S’il est dommage de ne pas retrouver le couple des Maitland, retrouver le duo Winona Ryder (Lydia) et Catherine O’Hara (Delia) est réjouissant. Leur dynamique belle-mère / fille fonctionne encore mieux que dans le premier film. Michael Keaton, quant à lui, reste inchangé et c'est pour le mieux. Il est toujours aussi drôle et déjanté que dans le premier film.

Cependant, si certains personnages sont parfaitement écrits, certains sont… inutiles. A quoi sert Monica Bellucci ? A part agrafer ses belles jambes et se faire manger par un vers de sable, elle n’a rien apporté au film. Tim Burton a certainement dû vouloir faire jouer sa femme, peu importe le rôle. Si c’est vraiment le cas, elle aurait pu interpréter Bob.



Une suite de péripéties sans réel schéma narratif

Le scénario consiste en plein de fragments différents mis bout à bout... comme Monica Bellucci finalement. Il coexiste de nombreux événements à la fois, comme si Tim Burton avait eu un tas d’idées mais n’avait pas su les trier : le grand-père meurt, la grand-mère fait des happenings, la mère se fait manipuler par un bon à rien qui veut des billets verts, la fille a un rencart avec un mort, Beetlejuice aime toujours la mère mais son ex-femme revient. Finalement, si on enlève les morts et que l’on ajoute Karine Lemarchand, c’est un scène digne de C’est ma vie

En revanche, il n’y a pas autant (voire pas du tout) de satire de la société dans C’est ma vie. Avec Beetlejuice, Tim Burton s’amuse beaucoup de notre société très centrée sur elle-même. C’est principalement le cas avec les nombreuses blagues sur les psychologues. Chaque personnage a un vécu qui vient le hanter et parle aussi de sa thérapie à tout le monde. C’est par ailleurs de cette façon que Rory manipule Lydia tel un pantin. Il se sert de sa sensibilité pour faire d’elle sa poule aux œufs d’or. Fort heureusement, il se fera manger par un vers de sable. Et pendant ce temps, Delia prépare ses futures expositions d’art contemporain. Entre cris, pleurs, rituels sur une tombe, serpents venimeux, ses prochaines vidéos artistiques s’annoncent très… new age.




Tim Burton n’a pas réellement sorti de carte nostalgie pour ce second volet. Il joue sur l’esthétique du premier film tout en optant pour un scénario complètement différent (mais pas forcément bon). C’est un peu comme un discours du “c’était mieux avant” mais avec un brin de nouveauté. De plus, la morale de l’histoire est finalement assez satisfaisante : ne mariez ni Beetlejuice, ni Rory, passez du temps avec votre famille. Le film n’est plus aussi novateur que celui de 1988 mais il reste cependant un film visuellement beau, divertissant et amusant pour ces fêtes d’Halloween qui approchent à grand pas. 

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